Si en ce moment votre vie manque cruellement de fantasy,
Les Royaumes d'Amalur: Reckoning sorti fin février sur X-Box 360, PS3 et PC pourrait bien vous redonner le moral. Au casting de ce nouveau RPG solo, quelques "gros" noms qui ne peuvent laisser indifférents: Ken Rolston (qui a travaillé sur
Morrowind et
Oblivion) en lead designer du projet, scénario et univers de jeu imaginés par R.A Salvatore (écrivain connu notamment pour ses romans se déroulant dans
Les Royaumes Oubliés), et Todd McFarlane (célèbre créateur du comics
Spawn) pour la mise en image de l'univers. Cet argument marketing nous est rappelé sur la pochette du jeu et a été largement appuyé durant la campagne de lancement. Pourtant, il ne suffit pas d'aligner les stars pour avoir une équipe qui gagne.
Ainsi, le scénario n'échappe pas aux poncifs du genre. Aux royaumes d'Amalur cohabitent les races mortelles, les Almains (les hommes) et les Alfars (les elfes), et les races immortelles (les faes). Tout se passait plutôt bien jusqu'à il y a une quinzaine d'années lorsqu'un grand méchant fae dont j'ai oublié le nom s'empara de la Cours d'Hivers (les faes sont séparés en Cours d'Eté, les gentils, et en Cours d'Hivers, les méchants donc...). Avec l'aide de ses partisans, les tuathas, ce félon fae (essayez de le dire vite !
) a décidé de conquérir le monde et donc depuis dix ans, les hommes, les elfes, et les faes gentils s'opposent à lui. Le seul soucis avec les faes, "
c'est que si leurs soldats meurent aussi facilement que les nôtres, ils ne restent jamais morts très longtemps !" (comme nous l'apprend un PNJ très tôt dans le jeu au cours d'un savoureux dialogue); du coup, les armées "gentilles" sont un peu à la ramasse et le monde est sur le point de basculer du mauvais côté de la Faelie (c'est le nom du territoire que l'on va explorer). A moins bien sûr qu'un héros (ou une héroïne, vous avez le choix du sexe de votre personnage) ne se dresse contre l'oppresseur et redonne l'espoir aux peuples d'Amalur. On l'a vu, on a connu pitch plus inspiré, mais après tout un bon gros méchant, un monde au bord du gouffre et un seul être pour sauver tout ça (vous !), c'est une recette éprouvée. Alors c'est parti pour une longue quête épique comme on les aime au royaume du med-fan !
Comme tout RPG, votre aventure commence avec la création de votre personnage, création qui, comme tous les jeux de rôle plus ou moins récents, est intégrée au début de l'histoire (et pour une fois, l'entrée en matière est plutôt sympathique à défaut d'être totalement originale mais je n'en dirai pas plus
). Vous aurez donc le choix du sexe et de la race, à savoir un Almain commun, un Almain du nord (style viking), un Alfar sympa mais hautain (style haut elfe) ou un Alfar sympa mais fourbe (un elfe noir). En fonction de votre race, vous aurez accès au choix d'une divinité qui veille sur vous (obtention de bonus selon les domaines du Dieu choisi) ou vous pourrez être athée (obtention d'un bonus d'expérience). De ce que j'ai vu, ce choix religieux n'a pas d'influence sur votre quête mais bon, un bonus c'est un bonus. Quelques options de personnalisation vous sont ensuite proposées mais rien de transcendant (la plupart des visages sont incroyablement moches), un nom qui claque, et en avant sur les chemins de l'aventure.
In game, on est rapidement en terrain connu. Nous avons donc le droit à une quête principale et à des myriades de quêtes secondaires (chaque PNJ croisé aura probablement quelque chose à vous faire faire), le tout pour une durée de vie conséquente (les potos de Sylmaria y ont passé environ 80 heures en explorant quasiment tout !). La carte qui se veut ouverte est en fait constituée de plusieurs zones reliées entre elles par des couloirs artificiels (chaque région est ainsi bien personnalisée mais les massifs montagneux qui séparent tout ça semblent peu naturels
) et le level scaling est plutôt bien géré. Bien sûr, le plaisir de l'exploration est là avec tout plein de donjons croisés au détour d'un sous-bois, et le loot est présent massivement. Peut être un peu trop massivement même tant et si bien qu'on a parfois l'impression d'être dans un MMO (surtout que les objets reprennent le code couleur de ce genre de jeu avec les communs, les rares, les épiques, les set d'armure, etc...). Il est à noter que les habitants d'Amalur semblent assez peu attentifs à leurs petites affaires car chaque tas de cailloux, chaque tronc d'arbre couché, chaque puit, chaque tas de caisses, cache potentiellement des objets directement utiles ou des ressources pour le craft. Il suffit de développer un peu son talent "observation" et la foret se pare de dizaines de cachettes secrètes ! Le craft est donc présent comme je le laissais entendre un peu plus haut: armurerie, alchimie (pour les potions) et art des sages (pour créer des gemmes à sertir dans vos armes et armures) seront donc là pour nos artisans en herbe. Tout cela fait furieusement penser à un MMO mais c'est pourtant bel et bien un jeu solo.
L'univers en lui-même est plutôt vivant, accrocheur et donne envie de le découvrir grâce notamment à des graphismes plutôt réussis. Alors, c'est très subjectif, mais perso j'aime beaucoup les choix de design fait par Monsieur McFarlane. Nous avons à faire à des graphismes qui font furieusement penser à WoW mais avec une patte plus adulte (ainsi, les humanoïdes sont globalement mieux proportionnés et moins "cartoon" que sur le hit de Blizzard, le sang et les décapitations sont bien présents, et les décors font plus réalistes tout en gardant un côté dessin animé avec des couleurs chatoyantes). Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde mais encore une fois, j'ai été agréablement surpris surtout que sur les trailers, je trouvais que cela faisait trop coloré pour un univers med-fan; c'est au final parfait pour le côté "high fantasy" pleinement assumé par le jeu.
En adéquation avec l'univers, le bestiaire amène son lot de nouveauté et les créatures sont plutôt bien modélisées. Surtout, elles ont un comportement et une façon de combattre en rapport avec leur apparence; les petites créatures vicieuses tentent de vous encercler et de vous attaquer de tout côté alors que les plus grosses abattent de lourdes masses dans le but de vous écraser. Ce sentiment de réalisme sert parfaitement les très (trop) nombreux combats que vous serez amené à livrer tout au long de votre périple, mais je vais y revenir plus longuement...
… Car pour le moment, Amalur a tout du "petit" jeu sympathique mais qui n'offre pour autant rien de transcendant. Alors, il est temps pour moi de vous parler des deux gros points forts de ce jeu et qui le démarque un peu de ses concurrents, au delà de son visuel aguicheur.
Tout d'abord, je ne vous ai pas parlé des classes de personnage, et c'est normal: il n'y en a pas ! Votre héros a la particularité de ne pas avoir de destinée écrite contrairement aux autres êtres vivants d'Amalur (une particularité qui ne manque pas d'attirer l'attention des tisseurs de destin, une "secte" de prophètes-devins tombée en désuétude). A la place, à chaque niveau (level max 40), vous aurez le choix d'investir des points dans l'une des trois grandes familles de pouvoirs: la Puissance (pour les guerriers), la Sorcellerie (pour les mages), et la Finesse (pour les voleurs). Bien entendu, plus vous investissez de points dans une branche, plus vous débloquez des pouvoirs puissants. Mais pour autant, toutes les combinaisons sont envisageables: un voleur-mage, un guerrier-voleur, un guerrier-mage-voleur... vous êtes totalement libre de construire le personnage que vous voulez, et toutes les voies sont jouables sans aucun soucis (chapeau aux dev's qui ont bien dû se casser la tête pour équilibrer tout cela
). Régulièrement, en fonction du nombre de points investis dans telle ou telle branche, vous débloquerez une destinée qui vous apportera des bonus. Par exemple, un personnage qui investira tous ses points en Puissance progressera vers la destinée de combattant, puis de guerrier et ainsi de suite jusqu'à connétable (au level max) où il pourra poursuivre le combat même après avoir perdu son dernier point de vie. De la même manière, en faisant le choix de la magie, un personnage débloquera la destinée d'initié, puis de sorcier, et ainsi de suite jusqu'à archimage; à chaque niveau, il recevra des points de mana supplémentaires, son mana se régénèrera plus vite et il pourra déchainer les enfers à haut niveau. Les dev's ont développé des destinées et des bonus pour toutes les combinaisons: ainsi, même un joueur qui ne choisirait au final aucune voie particulière peut terminer universaliste au level max si il réparti équitablement ses points entre les trois voies. Autant vous dire que cette grande liberté dans l'évolution de votre personnage est un vrai bonheur pour les rôlistes que nous sommes et donne des dizaines d'idées de concepts de personnage. Heureusement, pas besoin de recommencer une partie pour tester une nouvelle voie puisqu'il est possible de se réspécialiser en cours de partie moyennant finance.
Deuxième gros points forts du jeu: les combats ! Ces phases de jeu sont réussies et c'est tant mieux, parce que du combat, vous allez en manger pendant vos aventures. Ici, pas de pause active, pas de compétence de défense, mais de l'action à tout va; on esquive ou on pare avec ses petites mains, on attaque de la même manière, et si l'on est pas doué, on meurt comme un naze ! Et comme je vous ai dit, la faune hostile d'Amalur est très bien rendue... Ainsi, inutile de mettre votre bouclier en interposition d'un coup de tronc d'arbre donné par un troll, ce ne sera pas efficace; il vaudra mieux esquiver et privilégier la distance si vous en avez les moyens. A contrario, contre les créatures rapides, la parade est souvent plus efficace que l'esquive. Mais n'espérez pas maintenir le bouton parade appuyé jusqu'à avoir l'occasion de porter un coup: ici, il faut synchroniser sa parade avec l'attaque, ce qui permet de déséquilibrer l'adversaire et de contre attaquer. Bref, impossible d'être attentiste: il faut en suer pour triompher ! Les combats sont extrêmement dynamiques du fait que votre personnage répond au doigt et à l'oeil: parade, esquive, un bouton pour attaquer avec l'arme, un bouton pour lancer le sort préparé, un coup de molette pour changer d'arme... sans parler des attaques spéciales. C'est tout simplement jouissif: vous balancez quelques flèches sur un groupe de Kobolds qui vous charge immédiatement, vous parez une première attaque et ripostez aussitôt tuant une créature, vous esquivez ensuite la lance d'une créature restée en retrait, vous carbonisez une autre créature qui tentait de vous prendre en traitre... vraiment que du bonheur ! Il faut connaître ses adversaires, repérer leurs coups spéciaux, être capable de percevoir quand ils vont charger ou déclencher un sort pour préparer la riposte adéquate. En fait, c'est la transposition à l'écran de ce que l'on peut imaginer lors d'un tour de combat "haché" à une table de JdR.
Et pour porter ces combats particulièrement réussis aux firmament, le visuel n'est pas en reste. Les animations sont superbes (rien que les animations pour les "backstab" donnent envie d'investir des points en Finesse) et l'univers étant très axé "high fantasy", les pouvoirs pleuvent dans tous les sens dès les premiers niveaux (oui, même les pouvoirs de guerrier ont un visuel qui claque). Sans parler des armes qui sont à la limite du manga: les armes à deux mains font souvent une fois et demi la taille du personnage (elles sont très lentes mais piquent très fort), les dagues ont la taille d'une épée courte, les mages se battent (entre autre) aux chakrams, et la moindre arme un tant soit peu magique a une aura du plus bel effet.
Enfin, si cela ne vous a pas convaincu d'aller décapiter quelques têtes en Amalur, sachez que le fait de ne pas avoir de destinée vous permet de modifier la trame du destin. Ainsi, à force de prendre des coups de tatane et d'en mettre, une jauge de "fury" se rempli et une fois au maximum, vous pouvez déclencher le mode "jugement". Dès lors, vos adversaires tournent au ralenti ce qui vous permet de distribuer des pains à la vitesse de la lumière et de terminer le tout avec un "finish him" des plus sanglants (et porteur d'Xp supplémentaires
).
Vous l'aurez compris, rien que pour son système de combat, le jeu est une tuerie (sans mauvais jeu de mot) pour peu que vous aimiez l'action (jugez en sur le trailer ci-dessous).
Trailer de lancementBref, j'ai acheté ce jeu un peu par défaut, j'avais envie de med-fan, et parce que Valdrym me l'a conseillé et que les critiques étaient plutôt bonnes. Je m'attendais à un sous Skyrim ou à un sous RPG destiné à flatter un public peut être un peu moins connaisseur et moins "fan" de ce genre de jeu, et au final, c'est une excellente surprise ! Non seulement c'est un JdR tout à fait correct, mais son système d'évolution et ses combats ultra dynamiques et grisants sont un "plus" qui le font rentrer dans la catégorie des excellents jeu. Franchement, je ne regrette pas mon achat et ce d'autant plus que le rapport prix / heures de jeu est plus que correct.
Enfin, sachez qu'EA (fidèle à sa réputation de rapace) ne compte pas lâcher sa poule aux oeufs d'or. Ainsi, alors que le jeu est sorti il y a un peu plus d'un mois, il s'est déjà doté d'un DLC,
La Légende de Kel le Mort, et un autre,
Les Dents de Naros, devrait suivre rapidement (17 avril).
Je sais que les DLC ne sont pas toujours convaincants, mais des premiers retours, La Légende de Kel le Mort est très très bon. Pour une dizaine d'Euros, il rajoute une grosse quête (une quinzaine d'heures de jeu) qui vous conduira sur les traces d'un pirate revenu d'entre les morts. Apparemment, l'île qui vient se rajouter sur la carte est très sympa visuellement et exploite à fond le thème de la piraterie. A noter que si la quête est accessible dès le niveau 10, le niveau global des rencontres sur l'île s'adapte à votre niveau. Ainsi, vous pouvez profiter de votre DLC que vous soyez un jeune aventurier débutant ou un héros de légende avec tout l'équipement qui va avec.
Trailer La Légende de Kel le MortUltime note: les combats ne sont pas bien difficiles une fois que vous avez pris le coup de main, sauf contre les boss ou contre les monstres que vous rencontrez pour la première fois. N'hésitez pas à lancer le jeu en mode "normal", voir en "difficile" dès le début. Il est possible également de régler la difficulté en cours de partie.
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