J'ai donc bouclé mon cycle DC cette après midi en allant voir le 4ème film (pour le moment) du DCverse ciné,
Wonder Woman réalisé par Patty Jenkins. Avant de m'attaquer à l'oeuvre en elle-même, je tiens à souligner la volonté de cohérence de DC à travers ses productions; chaque film possède un petit truc qui le lie à l'autre (le combat final de Man of Steel qui sert d'ouverture à Batman v Superman, la fin de ce dernier qui sert d'intro à Suicide Squad, ou encore l'étrange photo de 1918 découverte par Bruce Wayne dans ce même Batman v Superman qui sert ici de fil conducteur). Chaque opus s'imbrique ainsi parfaitement (jusqu'ici) avec les autres, donnant l'impression d'une vaste fresque superhéroïque pensée en tant que telle depuis le début. Je trouve cela d'autant plus remarquable qu'il serait aisé de se servir du multivers et des Terres alternatives pour justifier un capharnaüm narratif, argument qui, je l'avoue, me déplait particulièrement dans les comics (et m'empêche véritablement d'en apprécier la lecture). J'espère vraiment que le DCverse continuera sur cette voie (et j'ai bon espoir au vu des indices déjà placés ici ou là pour Flash, Aquaman ou encore Cyborg).
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos brebis...
Avant ce film, j'étais profondément ignorant du personnage de Wonder Woman. J'avais, comme beaucoup, jeté un oeil à la série des années 1970 mais j'étais à l'époque bien plus intéressé par le petit short étoilé de Lynda Carter que par son personnage. J'avais d'ailleurs, au vu de ce charmant symbole, associé la belle à un quelconque Captain America au féminin, Star Banner et couleurs de costume oblige ! Heureusement, Patty Jenkins nous offre une (re)mise au point sur les "i" en revenant sur l'origine de notre héroïne; fille d'Hyppolite, reine des amazones, lesquelles vivent cachées sur une île par la volonté de Zeus, attendant l'éventuel retour d'Arès, le grand méchant de l'histoire, pour le combattre et protéger les hommes ! Une plongée dans les mythes grecques (modernisés pour l'occasion) qui offre un premier tiers de pellicule très agréable visuellement. Si l'enfance de Diana et l'incontournable séquence d'entrainement secret "parce que maman ne veut pas" ont été vus et revus au cinéma, c'est plutôt la vision d'ensemble de cette société exclusivement féminine qui est intéressante; en quelques scènes bien choisies, on a le sentiment de connaitre ses amazones et de partager leur vie quotidienne. L'occasion aussi de montrer un monde en paix (qui se prépare à la guerre) sur une ile paradisiaque qui contrastera fortement avec le monde des Hommes plongés dans le chaos de la Guerre Mondiale. Intéressant également le passage où Hyppolite raconte l'histoire de son peuple à sa fille sous forme de tableaux animés; une idée originale et qui colle au thème, évoquant certaines oeuvres baroques.
Cette harmonie va bien entendu être brisée par l'arrivée d'un élément perturbateur, un homme en l'occurrence, l'occasion de s'attarder sur le duo dont nous allons suivre les aventures.
J'ai déjà souligné la pertinence de DC en matière de casting, notamment pour ses superhéros. Si Henry Carvill transcende Superman (et vice versa), assurément, Gal Gadot crève l'écran en Wonder Woman. Magnifique sans n'être jamais vulgaire, touchante de naïveté sans être stupide, elle est le guide au coeur des ténèbres, et quel guide ! J'ai lu ici ou là la comparaison avec la Leeloo du Cinquième Elément, non mais sérieusement; peut on comparer une serviette jetable avec une robe de soirée satinée ? Ok, j'y vais un peu fort, mais Gal Gadot n'a pas besoin de quelqu'un pour la protéger; c'est elle qui protège ! Et n'allez pas croire que c'est parce qu'elle a vécu sur une ile isolée que c'est une demeurée; on la découvre cultivée et brillante, en plus de ses talents martiaux. N'en jetez plus, je crois que je suis amoureux !
Face à une telle femme, le Capitaine Steve Trevor (Chris Pine) n'est pas avare de répliques et s'en sort plutôt bien. La vision simpliste du monde de Diana (liée encore une fois à son éducation et à sa mission et non ses facultés intellectuelles) s'oppose au pragmatisme et à la complexité de l'époque incarnée par le militaire. Leurs échanges de point de vue font mouche, les dialogues sont plutôt malicieux (le passage sur le bateau quand il quitte l'ile est un grand moment), et l'on a souvent le sourire aux lèvres sans s'en sentir obligé. Clairement, le duo y est pour beaucoup dans le succès du film...
... qui regorge pourtant d'idées intéressantes (
attention, pas mal de spoilers vont suivre et ne seront pas balisés).
Il est ainsi plaisant de voir qu'ici, c'est la princesse qui sauve son prince charmant; une inversion des valeurs qui se retrouve également dans l'approche du combat. Souvent, au cinéma, le héros est partisan de la force brute là où sa partenaire féminine va utiliser la ruse (genre se cacher dans l'ombre pour taper par derrière le Grand Méchant). Pas de ça ici; Wonder Woman porte la culotte et son plan si simple (en gros "je trouve Arès, je le butte, et tout est réglé !") est rendu plausible pas sa détermination à le réaliser. Il faut dire que la belle n'a pas grand chose à craindre et l'assaut sur les tranchés allemandes et dans le village restera probablement comme l'une des scènes les plus cultes de cette héroïne. A contrario, c'est donc l'homme qui joue le rôle du "faible" et qui doit, lui, planquer ses fesses tant il ne fait pas le poids.
J'ai trouvé également très intéressant que les allemands ne soient pas (trop) présentés comme les Grands Méchants de l'humanité. Ainsi, Steve Trevor fait plusieurs fois allusion à la responsabilité de "tout le monde" dans la situation actuelle et à l'horreur de la situation dans les deux camps. Excellente idée également que d'avoir placé Arès...
Je me doutais qu'il n'était pas celui que l'on croyait, mais je ne l'avais pas grillé avant qu'il ne se démasque. Je trouve d'ailleurs que la scène dans laquelle Wonder Woman découvre qu'elle s'est trompée et doute de ses propres convictions est assez belle. On notera d'ailleurs qu'il y a là encore une différence avec Le 5ème Elément; Leeloo décide de ne pas sauver les hommes car elle découvre qu'ils se font la guerre, alors que Diana, elle, accepte la guerre, la recherche (son insistance pour aller au front), et pense pouvoir y mettre fin... en se battant. Ce n'est que parce qu'elle croit avoir tué Arès et voit les hommes continuer à se battre qu'elle hésite.
Bonne idée également que d'avoir choisi la première guerre mondiale comme toile de fond à cet épisode; la WWI est plutôt boudée par le cinéma et elle est, ici, assez bien retranscrite à l'écran. La réalisatrice et les scénaristes ont su saisir les particularités de ce conflit (la guerre des tranchés, l'usage massif de gaz) pour y ancrer les aventures de leur héroïne, et le résultat est plutôt bon (même si certains effets, notamment pyrotechniques, me paraissent too much par rapport aux arsenaux de l'époque). Le film évite également ainsi de marcher sur les plate-bandes de Captain America (un Marvel plutôt réussi par ailleurs); j'avoue qu'en découvrant la bande annonce de WW, je m'étais dit, à tord, que c'était un remake du premier Captain au féminin et en 14-18. Grave erreur, ne serait ce que par les deux héros (l'une est une demi-déesse, l'autre un simple humain -au début- / l'une se bat pour l'Humanité, l'autre pour son pays, etc). Il y a toutefois un petit point qui me gêne rapport à ce choix, mais j'y reviendrai...
Enfin, je trouve le message final un peu plus malin que dans la majorité des productions de ce type. Contrairement à ce que j'ai pu lire, ce n'est pas l'amour qui pousse Wonder Woman a réagir (du moins pas directement), mais bien le sacrifice de Steve Trevor, sacrifice qui n'est pas fait pour sa belle, mais bien pour l'humanité ! Il aurait pu laisser l'amazone agir (on sait que le gaz ne lui fait pas grand chose), mais par son acte, il révèle aussi ce que l'Homme peut avoir de bon. C'est donc un acte humaniste qui fait la bascule (et non un acte individuel comme aurait pu l'être le fait de prendre une balle à la place de l'héroïne... ou l'embrasser, pour reprendre un film de Besson !).
Jusqu'ici, le bilan, vous l'avez remarqué, est très positif, mais je vais quand même évoquer quelques défauts que j'ai noté.
Le film a clairement une certaine audace, mais il en manque aussi parfois un peu. Typiquement, la love story, même bien amenée, est néanmoins présente; c'est conforme aux comics dira t'on, mais cela ne m'aurait pas déplu que la relation entre Diana et Steve reste purement platonique (même si rien n'indique ceci dit que les amazones sont abstinentes... ce qui n'est pas sans faire naitre quelques fantasmes dans mon esprit tordu en repensant à leur ile). De plus, mon manque de foi en l'espèce humaine aurait goûté à ce que la défaite d'Arès n'engendre pas la fin des combats, mais malheureusement, on n'échappe pas à la scène où, le dieu de la guerre vaincu, les allemands ôtent leur masque comme se réveillant d'un long cauchemar. Enfin, le combat final est assez quelconque même si encore une fois, il rend hommage au niveau de puissance des héros DC (il reste néanmoins spectaculaire, mais moins que celui de Man of Steel).
Il y a également quelques défauts techniques. Si dans l'ensemble, le film est vraiment bien rythmé et la photographie impeccable, il y a un peu trop de slow motion durant les scènes de combat et le dernier plan est, à mon sens, raté. Le duo Gal Gadot / Chris Pine occupe 99% de l'écran, rendant les seconds rôles anecdotiques. Enfin, le main thème ne colle pas au personnage, et encore moins à la scène de combat final (mais nous dirons que c'est une question de goût).
Enfin, le fait d'avoir situé l'action durant la WWI et les conclusions de Diana sur notre espèce me laisse incrédule sur son action durant la WWII. Très sincèrement, au vu de ce qu'elle peut faire et de ce qu'elle a vécu, je l'imagine mal laisser le second conflit mondial éclater. J'avoue qu'un deuxième film sur le thème serait sûrement redondant, mais je serai curieux de savoir comment elle a vécu cette époque (à moins qu'il ne s'agisse d'une Terre alternative où la WWI a vraiment été la der des ders).
Avant de conclure, même si vous aurez déjà compris que mon ressenti est très positif, j'aimerai revenir sur le réel ou supposé message féministe lié au film. J'avoue avoir du mal à me faire une opinion. Visuellement, Gal Gadot est superbement traitée, sans érotisation à outrance, sans plan suggestif; la réalisatrice joue d'ailleurs habillement avec les codes vestimentaires de l'époque pour nous offrir une assez jubilatoire séquence d'essayage dans un magasin londonien où nous ne verrons rien de la belle. Mais à part cela ? Wonder Woman incarne certes la femme parfaite, mais l'héroïne badass qui en rend aux hommes est une figure malgré tout récurrente du cinéma hollywoodien. Si message féministe il y a, je l'ai plus perçu dans la mise en avant de la place des femmes à cette époque (je pense notamment aux réunions auxquelles l'héroïne n'a pas le droit d'assister) et dans le personnage d'Etta Candy (la secrétaire de Steve Trevor) qui avance quelques messages qui ne sont pas sans rappeler ceux portés par les suffragettes.
A l'image de Man of Steel qui a su susciter mon intérêt pour Superman, Wonder Woman permet de découvrir, avec brio, un nouveau personnage de l'univers DC. Si elle apparaissait brièvement à la fin de Batman v Superman, on ne saurait passer à côté de cet opus qui nous offre une vision plus complète de la Princesse Diana. Rythmé, bien réalisé, avec quelques audaces bien placés, il s'avère également un bon film de superhéros mettant parfaitement en valeur son héroïne que l'on prendra plaisir à revoir incarnée par Gal Gadot qui nous offre là une très belle performance.