mika a écrit:
Si ce n'est pas déjà fait, tu peux jeter un oeil sur "Démineurs" et "Zero Dark Thirty" de Katryn Bigelow.
Il y a aussi "13 hours" plus dans l'esprit du faucon qui est le moins bien des trois,à mon sens.
Merci !
Démineurs, je n'ai pas vu la fin malheureusement, il faut que je me le remate.
Zero Dark Thirty et
13 hours, on me les a conseillé aussi.
En attendant, j'ai regardé hier
Forces Spéciales de Stéphane Rybojad.
J'avais envie d'aimer ce film, vraiment, sincèrement; un film de guerre, mettant pour une fois en avant nos troupes d'élite (pour changer des unités US), avec qui plus est un casting pas dégueu (Diane Kruger, Benoit Magimel, Tchéky Karyo...). Ouais, vraiment, j'avais envie d'y croire et j'étais même prêt à lui pardonner quelques imperfections. Malheureusement, force est de constater que c'est très mauvais.
Alfred Hitchcock disait qu'un bon film, c'était deux ou trois scènes cultes et une bonne bande originale. Dès le début, ça pêche avec Forces Spéciales; on a un opening assez classique pour un film de guerre, avec un joli plan sur des voilures tournantes de nos forces armées (Super Puma, Tigre, etc.)... soutenu par une musique sortie d'on ne sait où et sans rapport avec l'action (
E=MC2 - Big Audio Dynamite). Sûr que si on compare avec l'opening d'Apocalypse Now sur fond de Doors, Forces Spéciales s'écrase déjà lamentablement. C'est d'autant plus regrettable que la suite de l'introduction est plutôt réussie, avec un chouette plan sur les commandos émergeant de l'eau et l'assaut sur la villa d'un méchant. Malheureusement, l'action est assez mal filmée, ça va vite, trop vite, et ça en devient confus...
... et c'est un reproche que l'on peut faire au premier tiers du film (et même encore par la suite même si ça se calme). Franchement, on a l'impression d'assister à un clip tant on enchaine les scénettes sans avoir le temps de le digérer. Et un plan sur l'anniversaire d'un des commandos, ok il est pote avec lui, ok il a une gonzesse, ok... on est en Afghanistan, ok... la journaliste... ouais, ok elle est enlevée... ok faut la sauver ! Hey, hey ! Stop ! Pose tes personnages ! Honnêtement, j'ai eu le sentiment que le réalisateur voulait tellement arriver à la mission du commando qu'il en oublie de nous présenter l'histoire. On enchaine l'anniversaire, l'enlèvement (on ne saura d'ailleurs jamais vraiment pourquoi la journaliste est enlevée et pourquoi il faut absolument la libérer), la décision à l'Elysée et paf, ça tombe bien, le commando est déjà en route (quel sens de l'anticipation !). Alors que ce premier tiers devrait au contraire nous permettre de nous attacher aux personnages (et ainsi d'être attentif à leur sort), de comprendre les tenants et les aboutissants, d'entrer dans l'histoire, le réalisateur nous sert des tranches de vie sans aucune émotion et sans génie (limite on devine déjà qui va mourir et qui va survivre tant les clichés sont maladroits; ah l'annonce de la "nouvelle" que la compagne du capitaine Lucas n'a pas encore faite... je me demande bien ce que ça peut être, oh oh oh !). Bref, cette phase d'exposition est ratée et du coup, il n'y aura par la suite aucune émotion lorsque le sort frappera les membres du commando (il faut dire également que les dialogues tombent souvent à plat, et on ne peut pas accuser pour une fois le travail des doubleurs; les acteurs ont du charisme, même les seconds rôles, mais ils ne sont tout simplement pas dirigés !).
Pour en terminer avec cette découpe hachée, c'est un défaut que l'on va retrouver encore par la suite; des espèces de cutscene qui surgissent sans explication (au spectateur de faire le raccord). J'en ai noté au moins deux; un plan sur le grand méchant entre deux séquences de fuite du commando (plan qui ne sert strictement, mais alors strictement à rien vu qu'on voit juste le grand méchant assis au coin d'un feu pendant deux secondes) et une séquence dans le noir de quelques secondes où l'on voit des tirs de traceuses (on comprend par la suite, en voyant les commandos dépouillés les talibans morts qu'il y a dû y avoir un assaut pendant la nuit mais ce n'est jamais clairement dit... quel intérêt ? On note d'ailleurs que c'est la seule fois où les "méchants" tenteront d'attaquer de nuit... avec le surnombre et face à six hommes fatigués, c'est pas bézef !).
Mais bon, disons que ça se calme quand même une fois que la mission commence véritablement. Et si l'assaut pour libérer la belle journaliste est plutôt réussie, avec une avance assez bien coordonnée sous couverture d'un tireur d'élite, ce sera la dernière vraie belle action militairement cohérente du film (on est à 36 minutes sur un film qui dure... 1h44 !). Non, vraiment, à partir de là, ça devient véritablement n'importe quoi !
N'importe quoi scénaristiquement déjà. Entre la balise de détresse qui fonctionne (puisque captée par l'équipe de secours) au début du repli et qui ne sera plus jamais actionnée par la suite (pourquoi ?), la radio qui prend une balle perdue et qui est HS (mais dans le dialogue suivant, on apprend qu'il y en a deux autres qui sont HS aussi sans qu'on sache pourquoi; les piles sont mortes ?), la décision de franchir, sans équipement, un col enneigé qui culmine à 5.000 mètres (le Mont Blanc sans équipement, ça vous tente ?) avec deux civils non entrainés, la décision de partir vers l'Afghanistan (alors que le commando se trouve au Pakistan et qu'a priori, ils auront plus d'alliés ici que là bas... et je n'ai pas fait de géopolitique)... c'est déjà beaucoup, mais si seulement il n'y avait que ça !
Parlons des grosses ficelles scénaristiques qui font tâche. Spawn de Talibans unlimited ! C'est simple, ils doivent être 3.000, 4.000 plus encore. On dirait des Lemmings ! Quand il y en a plus, y'en a encore ! Cela m'a fait la même désagréable sensation que Nid de Guêpe où les mafieux arrivent à trois mercos mais sont au moins 300 à attaquer ! Je ne parle même pas de leur apparition miraculeuse de l'autre côté du col que nos commandos ont peiné à franchir (ils doivent avoir un sort de téléportation ou un truc comme ça). Ok, moi je veux bien des cliffhangers, mais je sais pas, une scènette (utile pour le coup) où ils embarquent dans des véhicules pour contourner la montagne, cela aurait été sympa, non ? Je passe sur le sauvetage miraculeux de la journaliste; marche tout droit, tombe dans le désert, et t'inquiète, y'aura bien une patrouille amie qui passera par là ! Et au sauvetage encore plus miraculeux des deux survivants du groupe ! On va dire que "Dieu marche avec eux", parce que là ça relève du miracle (à moins qu'ils se soient enfin souvenus qu'ils avaient une balise !).
Et malgré tout ça, malgré tout ces what the fuck !?, j'étais encore prêt à l'aimer ce film. Sauf que... sauf que...
Même militairement, c'est d'une absurdité sans nom ! Et là, là, je ne peux plus laisser passer !
On parle de commandos, l'élite de notre armée, et alors qu'ils sont traqués par une armée innombrable de Talibans, ils jouent à se lancer un béret comme dans une cour d'école et à échanger des peaux de mouton comme au souk de Marrakech. Un tour de garde ? Non, pourquoi faire ! Du coup, quand l'un d'entre eux se fait sniper, on a plutôt envie de rigoler devant tant d'amateurisme. Je ne parle même pas de la séquence bien lourdingue où, lassés de se faire traquer, ils décident qu'ils vont s'en faire quelques uns. On se dit alors qu'ils vont tendre une embuscade, se cacher... faire un truc de commando quoi ! Bah non ! Ils s'avancent, à cinq de front, sans aucune couverture, au milieu de la plaine, chargeant tels des grognards napoléoniens la marée de barbus... qui sont heureusement aussi cons qu'eux, puisque aucun ne cherche à se planquer, préférant se faire faucher par dizaine en terrain découvert (et comme en plus ils tirent comme des chèvres -afghanes ?-, y'a pas grand risque pour nos "héros"). Je passe sur "l'opération humanitaire" dans le village attaqué par les méchants Talibans; progressions inexistantes, passages d'angle approximatifs, et surtout, chacun part au quatre coins du village (a minima, être en binôme, c'est mieux non ?). Remarquez, on a le droit au plan "gangsta rap" du grand méchant qui lui aussi s'avance sans prendre vraiment le temps de se cacher (ça calibre un peu dans le coin quand même), l'arme de poing à la main (alors qu'il a une Kalash en bandoulière), pour tirer dans le dos du gentil dont on savait dès le début qu'il allait se faire tuer (pour dire, je croyais même que c'était lui qui se faisait décapiter au début du film... du coup, je ne sais toujours pas qui sait "l'homme sans tête" dans la prison de la journaliste). Et des détails comme ça, il y en a... pfff... les commandos qui se cachent à quatre derrière le même rocher (heureusement que les Talibans ont oublié leur RPG et leurs grenades).
Non, vraiment, j'en peux plus !
Je vais être indulgent sur le fait que notre petite troupe de frenchies est équipée de... Colt M4 (doit bien en avoir quelques uns, mais quand même, c'est pas toujours le FAMAS en vigueur chez nous pour encore quelques mois ?) et sur le fait que même quand il se permet de copier quasiment plan pour plan un célèbre film, le réalisateur trouve le moyen de se planter. Je suppose que beaucoup ont vu Platoon, avec la célèbre scène qui est illustrée sur l'affiche du film ? Et bien même en faisant quasiment la même (la jungle en moins), dans Forces Spéciales, ça tombe à l'eau ! En même temps, quand on ne présente pas ses personnages, difficile de créer de l'attachement !
Bon, je m'aperçois que j'ai beaucoup écrit mais il faut dire que je suis énervé ! Vraiment ! Il y avait moyen de faire tellement mieux ! Le scénario ? Il n'est pas mauvais en soit, c'est le même que Les Larmes du Soleil ! Les moyens ? Ils sont là, mince; l'armée a prêter ces plus beaux jouets (hélicoptères, Mirages 2000, et même le porte avion CDG). On ne peut même pas dire que les acteurs sont nuls ! Alors comment, mais comment, on peut se foirer à ce point ! Je suis rage, colère, déception... et m'en vais retourner au cinéma américain. Là, je suis vaccinée !
P.S: Je ne l'avais pas forcément noté mais les "pros" m'ont également fait remarquer que même la composition du commando est foireuse, avec un mec du RPIMA, trois commandos de marines, et un des forces spéciales de l'Armée de l'Air. Une mixité que même le COS ne se permet pas...