LEGENDES D'AUTRES MONDES

Les six samouraïs restèrent à genoux la tête baissée tandis que le daimyo parlait sur un ton sec et froid, leur katana était posé en face d’eux, aligné sur des présentoirs :
"Vous avez apporté la honte sur nos terres, le déshonneur sur notre clan et sur vos familles. Et bien que votre faute soit moins grande elle n’en demeure pas moins un affront impardonnable. Levez vous", dit elle, et un par un tous les signes qui firent d’eux des samouraïs de clan leur fut enlevé, tout fut arraché et jeté à terre, pas un ne souffla mot, un silence lourd régnait dans la salle, les jeunes samouraïs étaient abasourdis par ce qui leur arrivaient et pétrifiés par l’humiliation et la perspective d’une mort honteuse… C’est alors que le tsuba de leur katana leur fut aussi retiré, les âmes de leurs ancêtres ne les accompagneront plus, dorénavant ils seront seuls, abandonnés par leur famille, par leur clan et leurs ancêtres. "Vous n’êtes maintenant que des rônins et cela ne changera que lorsque vous ramènerez le Nishibotsu. Partez maintenant, rônins", lâcha t’elle.
Un kimono brun leur est remis, il sera désormais leur seul habit. Derrière eux retentissent les hurlements de leur compagnon rônin qui n’a pas eut droit au même traitement, il fini ses jours de la même manière que tous les samouraïs en garde au moment du vol, exécuté comme un chien.
Ils ne sont plus que cinq, cinq rônins ne sachant que faire sous une pluie battante qui noie à présent le pavé souillé de sang.


Rêves de gloire

Une poignée de sable fin

M’échappe des doigts.

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Il commença par se raser les cheveux, il ne pouvait plus porter la coupe traditionnelle des samouraï à présent, plus tard ils repousseront de façon uniforme comme tout rônin. Il continua en teignant patiemment son armure en noir, couche après couche, pour effacer toute trace de son ancienne appartenance, pour que son ancienne famille n'ait point honte. Et finalement au bout de sa lance il fixa un fanion entièrement sombre, symbolisant le deuil et la souillure de sa faute, cet étendard et cette lance allaient lui donner son surnom de rônin... Ce nom qui allait retentir dans les champs de batailles, poussé par des centaines d’hommes d’armes prêt à combattre, Yashi Lance Noire.

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Les premières rigueurs de l’hiver s’annoncent sur les terres du clan du Lion. Des branches effeuillées dansent tout autour nous et nous indiquent un chemin sinueux et humide sur lequel nous avançons avec peine.

Au détour d’un sentier, la vue du village de l’Honneur Retrouvé nous réchauffe le coeur. Aucune présence de force armée en place mais deux rônins qui terrorisent et abusent de la petite communauté.
Une bonne soupe chaude et un endroit sec et chaud nous apporte quelques réconforts, dehors la pluie battante ne cesse de tombée. Le lendemain la tenancière des bains s’avance timidement et se plaint que sa jeune fille a été enlevée par les deux rônins. Nous retrouvons aisément la jeune fille apeurée et mettons un terme aux méfaits des brigands. Une magnifique grue bleue s’envole alors et traverse le ciel comme pour nous saluer et nous encourager. Sa grâce nous fait oublier l’espace d’un moment notre situation.

Nous nous remettons en marche, en direction de la cité de l’Honorable Sacrifice, à la poursuite d’un marchant qui saurait peut être ce qui est advenu du Paradis, il allait vers Bishamon Seido accompagné par les budoka du village de l’Honneur Retrouvé.
Cette cité est, comme le reste des terres du clan du Lion, la proie des créatures de l’Outre Monde, qui mènent des raids aussi brefs que meurtriers avant de disparaître on ne sait où. Nous faisions partie de l’armée de Tsudao contre les Tsuno, mais c’était avant… Et ce soir là, une sorcière des marais accompagnée d’une meute de gobelins de cuivre sort de la rivière pour harasser la population désespérée et impuissante. L’attaque est repoussée, les monstres battent en retraite… Que la peste soit sur ces maudites créatures et sur les rônins !

Nous reprenons notre chemin vers Bishamon Seido, à la poursuite de notre honneur perdu...

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Nous sommes maintenant à une journée de marche seulement de Bishamon seido, dans un charmant petit village du clan du lion, semble t’il préservé par les créatures de l’outre monde, les nuages et la pluie ont été chassés, Yakamo brille dans le ciel, tout semble paisible.

C’est dans ce village que nous rencontrons Kuni Nakaï, un shugenja du très honorable clan du crabe. Il venait, très aimablement, proposé son aide pour retrouver Nishibotsu, la célèbre toile. Il nous a apporté quelques informations très utiles, notamment que le méfait avait été commis par trois rônins, dont deux ont été occis par nous même dans le village de l’honneur retrouvé. Nous ne nous doutions pas au moment où nous les avions croisés qu’ils étaient la raison de notre déshonneur. Reste un rônin shugenja appartenant au Furugara, un ordre de shugenja rebel nommé Sugaï.

La trêve est de courte durée hélas, les villageois nous supplient de les protéger d’un esprit de la forêt devenu fou. Le samouraï en poste au village a disparu depuis quelques jours déjà. Nous décidons de remettre la poursuite du marchand à plus tard, la compassion envers ces villageois apeurés et suppliants qu’on les aide nous incite à rester. Ne pouvant tenir, Matahashi décide de suivre les traces dans la forêt pour en avoir le coeur net. Nous autres décidons d’enfiler nos armures et de le rejoindre plus tard. Malheureusement, Matahashi a trouvé le monstre avant nous, il n’avait aucune chance face au sanglier géant et corrompu. Il décède suite aux attaques répétées de la bête monstrueuse. Son sacrifice nous aura permis d’en venir plus facilement à bout. Nous repartons du village avec la satisfaction d’avoir fait notre devoir mais le cœur lourd de la perte d’un compagnon d’arme. Que son ame repose en paix.

Le lendemain nous arrivons enfin à Bishamon seido et nous nous mettons rapidement en quête du marchand, par chance, son chariot est là, nous approchons du but. Mais, encore une fois l’outre monde a encore décidé de nous harceler. Cette fois ci, c’est une armée entière de tsunos qui déferle sur le village, les bushis du clan du lion sont pris au dépourvu, le contact est très rude et de nombreux samouraïs perdent la vie en essayant de stopper la vague de ces créatures. Le combat est très violent et l’avantage tourne très vite aux tsunos qui profitent de leur capacité de mouvement surnaturelle. Nous ne devons la vie qu’à l’intervention de l’armée de Kitsu Daïjiko sama non loin de là qui fait fuir les créatures de l’outre monde.

De nombreux morts sont à déplorés, en recherchant le marchand nous apprenons qu’il est décédé lors de l’attaque, nous sentons une fois de plus que le destin nous joue encore un vilain tour, la femme du marchand sait peut être quelque chose. Nous la retrouvons devant le bûcher de son mari, tenant fermement la toile tant convoitée, elle est désespérée et terriblement affligée par la perte de son mari. Elle clame le déshonneur de son père, le véritable auteur de la toile, et la traîtrise de celui qui a volé son père, Sezu Chigemaza. Nous lui promettons de faire éclater la vérité, rassurée mais déterminée, elle pose la précieuse toile au sol avant de se jeter dans les flammes où repose son mari.

Le silence de la petite pièce austère n’est troublé que par le bruissement léger d’une plume qui effleure une feuille de riz. Un jeune homme, le crâne rasé portant des vêtements de moine, est penché sur la table, l’air pensif il se remémore les évènements qui l’ont amené jusqu’ici, dans le monastère des Mille Temples de la cité du Col Périlleux. Les Fortunes décidément aimaient jouer avec son destin, la retraite forcée dans ce monastère lui laissait le temps de méditer sur le sens à apporter à sa vie. C’est étrange se dit il, il sourit à l’évocation de cette idée, il a endossé bien des habits en moins d’une année... Tour à tour membre d’une illustre famille impériale, champion de Topaze et Nikutaï de la légion d’Emeraude, puis rônin égaré et maintenant simple bonze. Un parcours atypique se laisse t’il à pensé fait d’ascensions fulgurantes et de chutes retentissantes. Par où commencé ? La plume hésite un instant... La Toile, oui, la Toile. Puis prenant une profonde inspiration.

...Le voyage du retour fut plus aisé et plus tranquille une fois Nishibotsu récupéré, Yakamo lui-même dissipait les sombres nuages devant nous, il nous réchauffait de sa bienveillance et éclairait notre chemin vers Chiro Sano Kenaya. Les rigueurs de l’hiver approchant nous semblaient moins mordantes à ce moment là. La cérémonie qui devait nous rendre enfin notre honneur perdu...

Ting, ting, ting, le tintement clair des clochettes retentit dans tout le monastère, le jeune bonze lève la tête. Déjà l’aube, il est temps d’aller participé aux obligations du monastère…

... La cérémonie qui devait nous rendre enfin notre honneur perdu a bien eut lieu. Malheureusement, pour laver la honte, Matsu Jinko san est autorisée à faire seppuku, un immense honneur certes mais elle méritait mieux que cela. Aurait on peur de la fougue et de l’impétuosité légendaire de la famille Matsu ? Pas un instant passé en sa compagnie elle n’a démérité, l’empire perd un de ses plus fidèle serviteur, je la regretterais beaucoup. Nous autres rentrons au service Otomo Ozamu sama dont nous sommes chargé de protéger les terres.

Pareil à l’hiver qui s’installe progressivement, nous prenons possession de nos nouvelles obligations. Le froid descend lentement des montagnes du nord mais la légère brise soufflée par Suitengu, la Fortune de la mer, continue encore à prodiguer quelques douceurs. C’est au petit matin que la mer rejette sur le rivage le corps d’un homme portant le kimono du très honorable clan du Phoenix. Il est encore en vie mais le plus surprenant c’est qu’il transporte avec lui un sac remplit de diamants d’une pureté sans pareil. Une myriade d’étoiles le soir d’une nuit sans lune. L’homme récupère vite ses forces, il dit s’appelé Azako Yuki, il retrouve ses possessions et disparaît dans la multitude, se fondant dans la masse des paysans. Impossible de lui mettre la main dessus...

Notre enquête nous fait prendre conscience que le naufragé cache quelque chose d’important. Malgré tous nos efforts nos recherchent restent vaines. Un groupement de producteurs de saké, se faisant appelé la Main Amère, détient l’homme et son précieux sac. Ils veulent se débarrasser d’un honnête marchand de passage du clan du Crabe qui vend sa cargaison à prix cassés. Ils consentent à nous remettre l’homme si nous nous occupons de lui, il fini par quitter les terres d’Ozamu sama et nous récupérons finalement le naufragé. Entre temps une délégation du clan de la Mante arrive à la cité du Col Périlleux, ils recherchent activement deux fugitifs enfui lors d’une tempête prétendent ils. Plusieurs de leurs motifs sonnent faux mais le fugitif leur est remis et ils repartent précipitamment sur leur Kobun.

De nombreuses questions restent sans réponses et malgré le devoir accompli le sentiment qu’il y ait toute une zone d’ombres autour de cette histoire ne fait que croître en moi. Finalement, deux magistrats d’Emeraude arrivent en ville pour trancher un différent entre deux samouraïs dont le résultat final me place dans ce monastère...

Songes étoilés

Au matin évaporés,

Amère saké.

Katsuya Sama,

Veuillez pardonner l’audace de ma missive mais je vous dois, ainsi qu’à votre défunt fils, toute la lumière sur les évènements qui ont précédé ce terrible drame. Je n’ai pas la prétention ici de me défausser de mes responsabilités ni de trouver grâce à vos yeux car je n’ai fait que mon devoir en toute honnêteté et toute sincérité.

Ayant été averti de l’arrivée imminente de votre fils ainsi que de sa garde, Ozamu sama nous envoie l’accueillir, les montagnes ne sont pas sures en cette période de l’année. Malheureusement, nous arrivons trop tard et l’escorte a déjà périe dans une embuscade tendue par une confrérie de Mahotsukaï tapie dans les montagnes, mais il restait un espoir de sauver votre enfant, sans tarder nous pistons les fuyards et les attaquons sans attendre. Le combat fut difficile et malgré les horreurs invoquées ils sont tous exterminés jusqu’au dernier. Votre fils semblait mal en point et malgré tous nos efforts pour le sauver nous ne pouvions rien faire, sa vie s’échappait des nombreuses blessures infligées par ces scélérats. C’est alors qu’il s’est brusquement remis à respirer alors que tout espoir était perdu, c’était inattendu mais soulagés nous le ramenons à la cité du Col Périlleux. Depuis lors, le doute s’est insinué en moi, je doutais que ce que nous avions ramené des montagnes fut votre enfant, un esprit malin et vengeur s’était infiltré dans son corps et réclamait vengeance.

Pour comprendre qui est cet esprit et ce qu’il désirait par-dessus tout il faudrait d’abord que je vous parle de la toile céleste connue sous le nom de Nishibotsu. Une toile maudite en réalité, à plus d’un titre. Son créateur, Sezu Chigemaza, a omis de préciser qu’il n’était pas le seul créateur de la toile et pour ainsi dire qu’il n’était pas le principal auteur. Le véritable auteur, un dénommé Tabito, vit toujours reclus dans le monastère de l’Inaccessible Horizon comme vous avez put le constaté. Il n’a pas adressé la moindre parole depuis très longtemps et se contente de fixer l’océan des heures durant. Or, sa fille Yoshiko, le croyait mort et tué par Sezu Chigemaza, pendant des années elle a nourri une véritable haine pour celui qu’elle rendait responsable de son malheur. Elle a beaucoup souffert de cette séparation étant enfant et la douleur n’a fait que croître avec les années. Elle décida donc de se venger en dérobant la précieuse toile. Ne voyant plus d’issue la pauvre femme s’est jetée dans les flammes devant nos yeux en réclamant que justice soit faite. Son esprit est revenu pour se venger et à pris possession du corps de votre enfant. Cependant, l’esprit de Yoshiko croyait fermement que son père fut tué et le revoir en vie a été une libération, l’esprit s’en est allé, apaisé.

Votre enfant est la victime innocente de la folie de certains hommes qui n’hésitent pas à se corrompre pour assouvir leur soif de pouvoir. Je découvrirais pourquoi les sorciers avaient établis leur campement dans les montagnes et ferais payé les responsables, quels qu’ils soient où qu’ils se trouvent.


Horizon lointain

Bruit incessant des vagues,

Coulent les larmes.

Un épais manteau blanc recouvre à présent la cité du Col Périlleux et avec lui s’installe la cours d’hiver, bien au chaud, protégée par les murs épais de la forteresse. Je remonte le col en direction de la cité après une absence de deux mois passés à Otosan Uchi et Kyuden Seppun. J’y ai vu la lumière, blanche et pure, lumière qui ne me quitte plus à présent et qui transporte toujours mon cœur malgré le froid et la distance. Je vais bientôt entrer dans la cité, la devise de la famille Otomo est la première à m’accueillir, "Les sentiments éloignent du devoir" affirme t’elle. J’entre, revêtu de l’armure ancestrale du Champion de Topaze, non sans fierté.

A mon arrivée les rumeurs vont déjà bon train. Certains invités font part des leurs inquiétudes concernant la sécurité de la cité, d’autres jouent et intriguent contre une pauvre rônin et d’autres encore cherchent des faveurs ou bien vendent les leurs… Un nid de vipères prêt à tout. Inexorablement, la tension provoquée par les rumeurs et les complots commence à prendre forme. Le Karo du domaine devient nerveux et par conséquent ceux affectés à la garde de la cité, dont je fais parti, aussi. Tension d’autant plus palpable que le daïmyo du domaine est de retour. Otomo Ozamu-sama à la réputation d’un homme sans pitié avec ses sujets et dont les effectifs dévolu à la protection de son domaine sont régulièrement remplacés. Il ne tolère aucune faute et applique à la lettre la devise de son illustre famille, le Karo le sait que trop bien.

C’est par une nuit froide et silencieuse que la cité est attaquée. Les assaillants sont nombreux, ils ont soif de gloire et de richesse, ils pensent pouvoir profité de leur nombre et de la mauvaise réputation de la cité en matière de défense. Leurs assauts sont inutiles, ne le savent ils pas ? Malgré leur nombre et leur agressivité ils seront repoussés comme une brise écarte les moucherons ! La bataille fait rage, les corps tombent des deux cotés, mais inévitablement leur nombre décroît en masse. Les sabres tranchent des membres, brises des os, fendent des têtes. Plus rien de subsiste autour, rien hormis des amas de corps entassés les uns sur les autres, ennemis et amis dans la même dernière posture. A la fin et malgré tous mes efforts pour protéger le Karo, il succombe au nombre d’assaillants qui se sont jetés sur lui. Il meurt avec honneur et dignité et avec la satisfaction du devoir accompli.

Une fois la bataille terminée, Ozamu-sama sort de la forteresse en s’adressant à la foule de ses invités : "C’est ainsi que je traite les rumeurs. Les hommes valent plus que les murs. Ces sont les hommes qui font ma protection pas les pierres" fit il sur un ton sec, puis en se retournant "Champion de Topaze Tetsuya-san, je fais de vous le nouveau Karo de mon domaine. Une fois le choc passé et en réprimant une vague de colère et de dégoût, je refuse l’offre par deux fois avant de d’accepter la troisième. Le devoir prime sur les sentiments. C’est un immense honneur qui m’est fait. Et depuis lors, les rumeurs sur la sécurité de la cité se sont tues…


O vent tournoyant,

Libre de tous tes devoirs,

Emporte les miens.