Une fois n'est pas coutume, c'est à mon tour d'aller fouiller dans la besace du président. Suite à une discussion avec David et grâce à Opale (un
forum avec plein de rôlistes comme nous !), j'ai eu l'occasion de tester hier au soir
Monsterhearts avec Kalysto en MJ (qui fit un passage au club en son temps).

Qu'est ce donc que Monsterhearts me direz vous ? Et bien c'est le jeu où l'on vit la "vie compliquée d'adolescents monstrueux". Bon, ok, dit comme ça, ça fait pas forcément envie. Imaginez donc que vous êtes un ado avec tous les problèmes que cela suppose; votre corps change, vous lorgnez discrètement sur les filles que vous n'oserez jamais approcher, et en plus vous êtes le souffre-douleur de l'école... bref, toutes ces petites choses bien compliqués qui vous ont pourri la vie lorsque vous étiez au lycée. Rajoutez à cela qu'en plus de tous ces petits problèmes ordinaires, vous soyez différent des autres; un vampire, un fantôme, une sorcière, un damné qui a pactisé avec un démon, etc... l'affaire se complique sérieusement, car en plus de vos interrogations existentielles liées à votre âge, vous devez aussi "gérer" la bête qui est en vous. Voilà ce que propose Monsterhearts, où quand "Hartley, cœurs à Vif" rencontre le Monde des Ténèbres ! Oui, bien sûr, vous pourriez aussi penser "Twilight" mais le jeu tend quand même vers le "dark". Les références se tournent plutôt vers "Buffy", "Jennifer's Body", "True Blood", etc...
Le système de jeu est un "hack" d'Apocalypse World qu'on ne présente plus; oui, c'est un jeu narrativiste. Chaque personnage dispose d'un certains nombres de manoeuvres pour (ré)agir et d'emprises sur les autres personnages afin de "jouer" avec eux. L'action est centrée sur les joueurs, le MJ ne fait aucun jet de dé et rebondit sur ce que font ses joueurs pour faire avancer l'histoire. Cela nécessite bien entendu que ces derniers soient actifs. Et si le MJ peut avoir des "fronts" à leur opposer, le jeu n'est pas du tout orienté vers l'opposition groupe de joueurs vs MJ.
Chaque action est résolu par le jet de 2d6 auquel vient s'ajouter ou se soustraire un malus de carac (au nombre de quatre: sexy, glacial, bestial, sombre). Un résultat inférieur à 6 est un échec et permet à l'opposant de vous coller une emprise, une condition (j'y reviendrai), ou de supprimer une emprise que vous avez sur lui. Entre 7 et 9, c'est un succès mitigé, et un 10+ un franc succès. Les emprises permettent d'amener un personnage où vous voulez (exemple: vous tentez de rembarrer un personnage sur lequel vous avez une emprise, vous pouvez la "dépenser" pour ajouter un bonus à votre jet). Les conditions sont des qualificatifs que vous collez à un personnage et dont tous peuvent se servir pour avoir un bonus contre lui (vous collez une étiquette de "looser" à un personnage, tous les autres personnages qui joueront là dessus auront un bonus contre le "looser").
Le jeu est conçu pour être joué en "mini-campagne", le setting étant créé à la création des persos. Mais hier, c'était un simple "one shot". Le setting était le suivant:
Citation:
La famille Mullenberg est très puissante dans cette ville côtière et Jewel en est le joyau (huhu). Mais si la famille s'est toujours bien débrouillée, elle va encore mieux depuis que ses membres ont mangé de la chair de sirène. Des pouvoirs mystiques se sont alors greffés au pouvoir politique et économique des Mullenbergs. Désireux de garder ça privé, la famille a viré à l'incestueux, et les pouvoirs se manifestent au moment des premiers ébats sexuels...
C'est comme ça que Jewel s'est malencontreusement retrouvée dans les bras de Syd, une sorte de cousin bâtard. Lui aspire désormais à intégrer la famille pour pouvoir prétendre à Jewel. Elle, aspire à oublier cette effroyable humiliation. D'autant plus que son flirt, Alystair, un riche nouveau venu, venait de la plaquer salement.
Syd n'a pas aimé cet affront et a saboté le bateau d'Alystair, qui est mort noyé... Sauf que Noolah, une sirène (descendante de celle mangée par les Mullenbergs) est passée par là et ne pouvait pas laisser se noyer le premier homme qu'elle rencontrait. Alors elle a demandé à l'océan de lui rendre et il a exaucé son voeu.
-Alystair est désormais un fantôme. S'il veut protéger Noolah, il cherche avant tout à venger sa mort.
-Noolah est une sirène. Elle cherche sa grand-mère mais aussi son prince charmant
-Syd est un damné qui a passé un pacte avec une entité obscure . Il cherche les bonnes grâces de Jewel et à intégrer la famille Mullenberg. Il a volé la peau de Noolah qui ne peut plus se transformer en sirène.
-Jewel est une reine. Dirigeant un cercle soudé de membres de sa famille elle agira par personnes interposées pour régler ses comptes avec Alystair et Noolah.
Après un petit moment d'adaptation (ah, le narrativisme !), force est de constater que le jeu tourne très bien et est très plaisant. Qui plus est, le setting d'hier au soir était plus proche d'un Twin Peaks que d'un Beverly Hills. Preuve que le jeu peut tourner avec des adulescents.
Bref, une belle découverte du président !
