Histoire de parler de ce jeu pour lequel j'ai finalement craqué (et mon compte en banque aussi !
). On avait parlé des KS, voyons voir maintenant ce qu'il y a dans la boite.
Heroes of Normandie, jeu français (cocorico !) financé par KS (déjà 2 à ce jour), et édité par Devil Pig Games. Derrière cet éditeur, on trouve deux anciens, Yann et Clem (et l'excellent Alexandre Bonvalot à l'illustration pour HoN), deux auteurs qui avaient fait leur classe il y a longtemps de cela avec
Frontières (qui a l'époque ne m'avait pas plus séduit que cela).
HoN propose donc de revivre à l'échelle tactique (un pion = un homme ou une escouade) les affrontements qui opposèrent les alliés aux allemands quelque part du côté des plages normandes vers juin 1944 ou un truc comme ça. Bref, le D-Day et tout le bazar qui s'en est suivi jusqu'à ce que les "gentils" parviennent à sortir du bocage. La seconde guerre mondiale, on a déjà vu plus original comme thème mais là où le jeu prend le contrepied de simulations plus pointues (ASL pour ne pas le citer), c'est qu'il s'inspire plutôt de l'esprit des films de guerre que de la guerre en elle-même; sont ainsi citées comme source d'inspiration
Un pont trop loin,
Le jour le plus long,
Les 12 salopards, ou plus récemment,
Il faut sauver le soldat Ryan,
Band of Brothers ou encore
Inglorious Basterds.
Cette particularité va se retrouver notamment dans les personnages spéciaux, tous inspirés de premiers rôles hollywoodiens comme Miller et ses Rangers (Tom Hanks dans le
Soldat Ryan) ou Marvin (Lee Marvin dans
Les 12 salopards) ou de personnages historiques ayant marqué ce conflit de leur empreinte (
Lord Lovat et son joueur de cornemuse
Bill Millin par exemple). Cet esprit cinématographique va également se retrouver dans des cartes d'événements que les joueurs auront à leur disposition et permettant des "surprises" comme le fait de renvoyer une grenade à l'expéditeur ou de faire sauter un char de manière inattendue, mais aussi dans les scénarios génériques aux buts parfois plutôt éloignés des objectifs d'un engagement militaire, comme celui qui demande à nos bidasses d'aller récupérer le chien du Colonel qui s'est barré derrière les lignes ennemies.
Afin d'évacuer tout de suite les critiques qui pourraient naitre de cette improbable mixture comico-historico-hollywoodo-tactique, je dirai que le jeu est une "immense" (je reviendrai sur l'aspect pléthorique et chaotique du matos) boite à outils dont on fera ce que l'on voudra. Des joueurs plus portés sur l'aspect militaire et réaliste de la chose (comme moi) pourront évacuer la composante hollywoodienne des héros et / ou l'aléatoire des decks d'événements, et se concentrer sur des scénarios purement historiques comme la communauté en propose déjà beaucoup. A contrario, des joueurs n'ayant que peu d'affinité avec la stratégie ou voulant quelque chose de plus fun auront tout le nécessaire pour se refaire les
Canons de Navarone ou tout autre film de leur choix dans leur salon.
C'est à mon sens l'une des grandes forces de HoN, ce double aspect pouvant séduire "puristes" comme "joueurs cherchant du fun" (l'un et l'autre n'étant pas incompatible).
Côté règles, le coeur du système est simple puisqu'il tient sur 10 petites pages largement remplies d'exemples illustrés. On retrouve des mécanismes classiques du wargame, avec notamment la gestion des lignes de vue, les zones de contrôle, ou encore les pas de perte, et la simulation est malgré tout assez poussée puisque par exemple, les blindages latéraux et arrières des chars sont gérés, de même que les armes sur trépied, les tirs de suppression, les différentes armes, etc... De même, des extensions thématiques viennent rajouter de nouvelles règles comme les parachutistes, les combats de nuit, les sentinelles endormies, etc... Il est évident que mis bout à bout, tout cela rend le jeu complexe mais la base reste sur 10 pages et on ne se sert que de ce que l'on a besoin (typiquement, les paras et les combats de nuit se trouvent dans l'extension consacrée à Sainte Mère l'Eglise).
Surtout, le jeu emploi une iconographie qui facilite grandement la lecture des informations nécessaires au jeu, icônes directement imprimées sur le terrain de jeu ou sur les pions d'unité et qui rend les parties extrêmement fluides ! Tellement simple et génial qu'on se demande comment n'y a t'on pas pensé plus tôt ! Ainsi, nul besoin de consulter une fiche de références (que l'on ne sait en général jamais où caser sur la table) pour connaitre le malus de tir contre une unité planquée dans un buisson ou si un champ de maïs bloque ou non la ligne de vue; tout est directement lu sur le plateau ! Un tout petit bémol toutefois sur les capacités spéciales des unités qui nécessiteront un petit temps d'adaptation pour connaitre les icônes plus courants.
C'est en tout cas un réel plaisir à prendre en main et même un débutant complet apprendra vite à calculer seul ses bonus / malus.
La charte graphique du jeu est très plaisante, bien que cela soit une question de goût, je le concède volontiers. Moi perso, j'adore: les unités sont colorées, identifiées par leurs écussons, et ont un côté "petits soldats" (limite kawaï même !). C'est en tout cas beaucoup plus attractif qu'un obscur symbole OTAN.
En plus du mode scénario, le jeu peut même se targuer d'un système de bataille par "points". En effet, chaque armée se compose de tuiles de recrutement, lesquelles offrent quelques unités de base que l'on peut compléter avec des options (des unités supplémentaires, des véhicules, des caractéristiques -vétérans endurcis, solides, intrépides, etc...-, ou encore de l'équipement supplémentaire). Bien sûr, tout cela a un coût en points et il est possible de se créer une composition personnalisée à X points (même historiquement improbable) pour jouer contre un pote, comme on le ferait avec un jeu de figurines.
Et il faut dire qu'il y a du choix pour se faire sa petite guerre personnalisée. C'est là où le bât blesse (un peu) selon moi, car la ligne éditoriale est quelque peu chaotique et déjà pléthorique (alors que le jeu de base est sorti il y a tout juste un an). Il faut ainsi distinguer les "grosses" extensions (type Sainte Mère l'Eglise ou Pegasus Bridge), les sets de cartes supplémentaires (River Set ou Battleground Set), les planches de pions (dit punchboard) thématiques (U.S Rangers, Lord Lovat Commandos, etc...), les planches de décors... et tout cela assorti d'un certain degré de rareté, le jeu ayant été financé par KS et étant donc accompagné de quelques exclus introuvables si vous êtes collectionneurs (ou alors à un prix indécent: j'ai vu une planche inédite se vendre 135€ sur E-bay alors qu'elle coûte 8€ normalement !).
Histoire de ne pas décourager les éventuels intéressés, je précise que la boite de base (et l'extension D-Day) se suffit à elle-même pour avoir déjà de quoi jouer de nombreuses heures. Après, si vous êtes du genre à tout vouloir (comme moi), il faut savoir que l'addition va vite devenir salée (et certains collectors sont introuvables).
Enfin, si la WWII "classique" vous laisse froid, sachez que les DPG ont sorti une gamme parallèle (ou complémentaire selon les points de vue) intitulée
Shadow over Normandie et qui mêle à la sauce pulp soldats alliés, cultistes et grand Ancien !
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