10h35 :
Anna frappa de rage sur le mur. Sentant une présence derrière elle, elle se retourna rapidement et vit une forme imposante émergé devant eux, Elle se plaça instinctivement devant Hector. Un imposant homme noir d’une cinquantaine d’années sortit de la pénombre, vêtu d’un pantalon de chantier et d’une chemise à carreaux. Une casquette de « 49’S » était visée sur son crâne tandis qu’une épaisse barbe poivre et sel lui couvrait le bas du visage. Ses puissants bras tenaient contre son torse le corps d’un jeune homme d’une dizaine d’années. L'homme semblait désemparé.
« Il faut que j’aille à l’hôpital ! Mon fils est malade. » Lança l’homme.
« Qu’a-t-il comme symptômes? » Demanda Anna redoutant déja la réponse.
« Vous…vous êtes médecin ? Il faut l’aider, il vomi du sang depuis ce matin et il a de la fièvre. Ah ! et il a mal partout aussi ! très mal ! » Renchérit l’homme.
« Je m’appelle Anna et voici Harold et Hector. Nous allons au commissariat, vous feriez mieux de venir avec nous. »
« Moi c’est Mitch et mon fils doit aller à l’hôpital ! » Renchérit l’homme.
Anna jeta un coup d’œil à Hector, à l’avenue dont le flux humain ne tarissait pas, puis elle fixa l’homme :
« Ok Mitch, je suis médecin ! posez votre fils, je vais voir ce qu’il a. » annonça en soupirant la jeune femme.
*T’es véto ma fille, pas doc ! Et surtout t'as pas le temps la ! *
Le visage de l’homme s'illumina et il s’exécuta en déposant délicatement son fils contre le mur. La manoeuvre arracha quelques plaintes au garçon dont la tête retomba sur son tee-shirt qui était couvert de sang. Anna s’accroupit à coté du garçon :
« Salut bonhomme, comment-tu t’appelles ? » demanda-t-elle d’un voix qu’elle espérait douce. Sa main saisit le poignet du garçon et elle prit son pouls.
*Tacchycardie, Fièvre...*
Les paupières du jeune garçon papillonnèrent quelques instants puis ses yeux injectés de sang se levèrent vers elle. Il ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit:
« Noah, il s’appelle Noah » Répondit Mitch au-dessus d'elle.
« Mal…. » fût finalement le seul mot à sortir de la bouche de Noah avant que celui-ci soit pris d’un haut de cœur et qu’une gerbe de sang jaillisse de sa bouche en direction d’Anna. La jeune femme, se rejeta en arrière évitant de justesse le flot de matières sanglantes. Elle sauta rapidement sur ses jambes. Elle regarda le bout de la ruelle, celle-ci se terminait sur un grillage et derrière se trouvait une nouvelle avenue.
« Harold, on y va ! Prend Hector, on va passé par le grillage. » Annonça-t-elle d’une voix devenue dure. Harold opina de la tête et prit le jeune garçon par la main.
« Alors qu’est ce qu’il a ? » demanda Mitch.
« Si vous aimez votre fils, laissez-le ici, il est condamné.» trancha Anna
Mitch recula d'un pas sous la violence des propos de la jeune femme.
*Navré Mitch, pas le temps d'y mettre les formes.*pensa Anna.
« Vous vous trompez docteur ! Vous avez tort ! Mon fils peut être soigné et j’irais à l’hôpital ! » Lança Mitch.
« Nous, nous allons au commissariat trouver des secours, bonne chance ! » annonça froidement Anna et elle se tourna.
« Attendez ! » Cria Mitch « Nous.... on vient avec vous ! »
Anna s’arrêta.
*Tu ne peux pas les laisser…. Mais son fils est contaminé et c’est un risque pour Hector…*
En quelques secondes, Anna trancha :
« Ok, allez on y va ! »
*Tu n'es plus à une connerie près aujourd'hui....*
Quelques secondes plus tard, le groupe se retrouva face à la grille. De l’autre coté, l’avenue semblait calme, seuls quelques personnes marchaient ou couraient dans la direction du commissariat. Derrière eux les cris de la foule prirent de l’ampleur. Harold et Mitch escaladèrent aisément le grillage puis le soulevèrent par le bas afin de faire passer les deux jeunes garçons. Anna fût la dernière à passer et se refusa à regarder derrière elle.
10h50:
L’avenue dans laquelle ils venaient de déboucher était emcombrée de nombreuses voitures laissées à l’abandon par leurs propriétaires. Anna aperçut une église sur sa droite dont les portes étaient grandes ouvertes. A quelques mètres d’eux, une femme assise sur le sol tenait son mari dans ses bras et semblait lui parler à l’oreille. Au loin sur la droite, une foule compacte courait vers eux.
« On y va, le commissariat n’est plus très loin. » annonça d’une voix étrangement basse Anna et le petit groupe se mit en route. Arrivés au milieu de l’avenue, Anna se tourna vers Harold. Ce dernier se tenait derrière elle, le visage toujours étrangement lisse, les mains dans les poches.
*HECTOR !*
Son regard balaya la rue, le jeune garçon n’était plus parmi eux.
« Où est Hector ? » demanda-t-elle à Harold.
Ce dernier regarda autour de lui et haussa les épaules. Anna pesta et grimpa sur une voiture.
« HECTOR ? » cria Mitch.
Soudain, elle aperçut la frêle silhouette du fils de Cali. Il se tenait debout à quelques mètres du couple assis sur le sol et les observait. Anna et Mitch, qui tenait toujours son fils dans ses bras, se rapprochèrent rapidement du jeune garçon. Arrivé à sa hauteur, Anna l’enlaça et le prit dans ses bras :
« Tu ne dois pas t’éloigner de moi, compris Hector ? » Demanda-t-elle d’une voix qu’elle voulu douce.
Le jeune garçon hocha de la tête et, tout en regardant Anna, demanda d'une petite voix :
« Il est mort le monsieur ? »
« Je ne sais pas bonhomme. » Répondit Anna tout en regardant le couple.
La femme ne se tenait plus exactement comme elle l’avait vue précédement. Les bras de la femme étaient maintenant posés sur le torse de l’homme et sa tête collé à la sienne. Les bras de l’homme, eux, enlaçaient la femme. Un long craquement sourd se fit entendre au moment même où un cri strident monta de la gorge de la femme qui tentait de se défaire de l’étreinte de l’homme. Celui-ci d’un violent mouvement de la tête, arracha avec ses dents le nez de la femme, se retrouvant ainsi le visage couvert de sang et de matières. Sa bouche replongea avidement dans l'amas de chair qui fut auparavant le visage de sa femme. Anna sentit sa peur jaillir de nouveau de son ventre et envahir tout son être :
« On part !» Cria Anna, tout en tenant la tête d’Hector dans son cou. Elle n’attendit pas la réponse de Mitch et commença à courir.
« Faut l’aider ! » Cria Mitch tout en suivant Annabelle.
« Non, faut partir ! Maintenant ! » Répliqua celle-ci « On va au commissariat ! »
Mitch ne répondit pas. Le petit groupe laissèrent derrière eux la femme dont les cris se turent rapidement, ils traversèrent l'avenue et arrivèrent dans une allée jonchée de détritus et de poubelles. Au bout de cette dernière une nouvelle avenue, celle du commissariat.
_________________ "C'est curieux, chez les narrativistes, ce besoin de faire des phrases..." "les archétypes sont moisis (c'est pour cela que je les prends quasiment tout le temps)" - Jérôme
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