LEGENDES D'AUTRES MONDES

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 Sujet du message: Produits dérivés
MessagePosté: Jeu Mar 22, 2018 11:22 am 
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Bonjour à tous,

Certains le savent déjà, les séances d'All Flesh me manquent au point que j'écris une version alternative des aventures de Molly, Frank, Annabelle, Dwayne et Harold :D .

Je me suis laissée prendre au jeu de l'écriture et envisage de répondre à un appel à texte pour une courte nouvelle. J'ai imaginé comment s'est passée l'éclosion de la pandémie pour Annabelle et Harold.

Si ça vous tente de la lire, c'est ici :
Spoiler:
À peine la porte franchie, je lâche mon sac par terre, lance mes clés dans le vide-poche et fonce droit dans la salle de bain. Un bon bain chaud devrait me faire du bien. Tandis que l’eau coule, je retourne dans le salon pour choisir le trente-trois tours. Exhalant la dernière bouffée de ma cigarette, je pose avec soin le disque de vinyle avant de faire pivoter le diamant. Je monte un peu le volume du vieux tourne-disque. Miles, je compte sur toi pour l’ambiance. Tout est prêt.
Je me glisse dans le bain, la température est parfaite. La caresse de l'eau chaude sur ma peau est un appel à la détente. Ne plus penser, juste écouter le riff de trompette et se laisser aller.
J’espère que les résultats de la prise de sang reviendront vite. D’où peut venir cette fièvre ? Il n’y a pas eu de nouvelle arrivée dans le zoo depuis des lustres, le régime alimentaire des animaux est strictement surveillé et leurs vaccins sont à jour. Bella ne présente aucune blessure… Bon, tu as passé la journée sur le cas de cette chimpanzé, pense à autre chose.
Je pose la tête en arrière et ferme les yeux. Miles balance vers le ciel africain les dernières notes de son hommage à Tutu quand la sonnette retentit, suivie de trois coups impatients contre la porte d’entrée.
— C’est moi, Anna ! Désolée, j’ai une urgence ! crie Mariana pour couvrir le trompettiste.
Je ne peux retenir un soupir avant de me lever et m’emmitoufler dans un peignoir. Son ex est vraiment un connard. Jamais disponible pour s’occuper de son gamin. J’ouvre la porte, Hector, tout sourire, dissipe mon agacement. Je m’écarte pour les laisser entrer.
— J’ai pas le temps, je dois filer. Tu peux m’le garder cette nuit ?
— Salut Hector.
— Salut Anna, lance le gamin.
— Encore désolée. Le capitaine m’a appelée, mes collègues sont malades, il a trouvé personne.
— Un vendredi soir ? Il y a un match à la télé ou quoi ?
— J’espère pas, sinon, ils vont m’le payer cher. Bon, je file, dit-elle en déposant un baiser sur le front du garçon. Sois gentil avec Anna, d’accord ?
— Oui maman, souffle-t-il, les yeux levés au ciel.
La policière enfile sa casquette pour compléter son uniforme et me sourit.
— Merci, j’te revaudrai ça ! me lance-t-elle avant de disparaître dans l’escalier.
Je lui fais mon hochement de tête habituel. Comme si elle me devait quelque chose ! C’est moi qui me suis proposée de garder son fils quand sa mère ou son ex ne le peuvent pas. Comme à son habitude, Hector dépose son sac sous le portemanteau.
— Tu veux regarder la télé pendant que je finis dans la salle de bain ?
— Ouais !
J’ai à peine le temps de faire trois pas quand mon portable sonne. Le nom affiché réveille mon inquiétude :
— Armando, qu’est-ce...
— C’est Bella, me coupe le soigneur. Il faut que tu viennes, rápido. Son état empire. Les médicaments que tu as prescrits ne font rien.
Merde ! Je jette un œil vers Hector, assis en tailleur sur l’épais tapis du salon.
— Ok, je serai là dans une demi-heure.
Gracias, tousse-t-il, la voix enrouée.
J’enfile un jean et un T-shirt puis reviens auprès d’Hector qui zappe d’une chaîne à l’autre :
— Ça te dit, une visite de nuit au zoo ?
— Cool ! De toute façon, y’a rien de bien à la télé.
J’ai tout juste le temps d’apercevoir le bandeau d’un flash spécial que l’écran devient noir. Hector a jeté la télécommande sur le canapé et enfile déjà son blouson. Ma main s’empare machinalement des clés et de mon sac. Le gamin lève ses grands yeux marrons vers moi alors que j’ouvre la porte :
— Mets ta veste, il fait frais dehors, me recommande-t-il de son air sûr de lui.
— Ok, message reçu.
J’imite un salut militaire et saisis ma veste en jean sur le portemanteau qui croule sous les vêtements.

*

Je me gare derrière la camionnette de chantier. Les ouvriers travaillent encore si tard ? La rénovation de la salle de repos des employés peut sûrement attendre la fin du weekend... Armando, les sourcils broussailleux froncés, m’attend sur le parking du zoo. Ce n’est vraiment pas bon signe. J’ai à peine le temps de descendre qu’il m’interpelle :
— Quatorze chimpanzés sur dix-sept ! Faut que tu trouves ce que c’est. Je peux pas voir mes singes dans cet état… No es posible ! No !
La sueur perle sur son front, son teint est livide. Il s’inquiète vraiment trop pour ses animaux.
— Laisse-moi la réexaminer, d’accord ? Va l’installer sur la table.

J’entre dans la pièce aux néons blancs, puis m’accroupis à hauteur d’Hector :
— Tu veux mon portable pour t’occuper ? J’ai gardé les jeux de la dernière fois.
Il saisit l’objet sans se faire prier et s’installe sur un banc le long du mur. Je m’avance vers la table d’examen centrale. Bella est couchée, les yeux clos. Armando, penché sur elle, murmure en espagnol. On dirait un père au chevet de son enfant. C’est un peu le cas en fait, il a vu naître tous les chimpanzés du groupe.
Je pose le stéthoscope sur le poitrail qui se soulève à peine et écoute les battements trop faibles de l’animal. Je jette ensuite un œil au dossier. La courbe de température a atteint un pic qui ne descend pas malgré les antipyrétiques. Les résultats de la prise de sang sont négatifs. Merde ! J’aurais préféré savoir à quoi m’en tenir. Faute de mieux pour l’instant, je lui administre un cocktail d’antibiotiques à large spectre. Je m’adresse au soigneur :
— Tu peux m’amener un autre chimpanzé qui a les mêmes symptômes ?
Peut-être que je loupe quelque chose avec elle...
Armando hésite un instant, son regard allant de la chimpanzé à Hector. Je tente de le rassurer :
— Elle est inconsciente, on ne risque rien.
Le soigneur grommelle quelque chose à propos de règles de sécurité, mais c’est étouffé par une nouvelle quinte de toux.
En attendant son retour, je vais m’assoir à côté d’Hector. Les yeux toujours rivés sur l’écran, il me demande :
— Il est malade, le singe ?
— Oui et je ne sais pas ce qu’elle a, ça m’embête. Je n’aime pas ne pas comprendre.
Il va falloir que je fasse des recherches plus poussées. Des cris retentissent dans l’enclos tout proche. Je me lève, l’oreille attentive. Hector quitte son écran des yeux et me scrute. Je souris pour le rassurer, mais l’enfant continue de me fixer, inquiet. La porte du bâtiment s’ouvre sur Harold. Que fait-il encore ici à cette heure ? Le grand gaillard, aux allures d’éternel adolescent, maintient la porte pour Armando. Celui-ci garde son bras plié contre son torse, l’air hagard. Je pointe le doigt sur la seconde table d’examen, coincée contre le mur :
— Ici.
— C’est Nya, m’explique Harold. Elle a pété les plombs ! Elle lui a sauté dessus dès qu’il est entré dans l’enclos.
Je prépare de quoi désinfecter les plaies. La matriarche du groupe a un caractère docile et se montre toujours bienveillante avec les humains, particulièrement avec Armando... Ça n’a pas de sens. À moins qu’elle ne soit perturbée par la fièvre qui se propage dans son groupe… À mes côtés, Harold écarte une mèche bouclée de son front. Je lui demande :
— Et toi ? Pourquoi tu es encore là ?
— Kefira était agitée aujourd’hui.
— Ta lionne ne va pas mettre bas avant deux ou trois semaines, je te l’ai dit.
Il hausse les épaules, l’air de dire, “Je sais, mais j’y peux rien”. Ce sera la première naissance pour sa protégée. Je désinfecte et panse les marques de morsures d’Armando qui n’a pas décroché un mot :
— Ça va ?
L’incompréhension se lit sur son visage.
— Tu vérifieras tes vaccins et tu montreras ça à un médecin dès demain, compris ?
Sans l’épaisseur de ses vêtements, ça aurait pu être bien pire.
Sí, sí, me répond-il d’un air distrait, les yeux rivés sur Bella.
Je la réexamine et ne perçois aucun battement de cœur. Une main invisible vient me tordre le ventre. Je n’aime pas du tout la tournure que prend cette soirée. Je me précipite vers le plan de travail derrière moi et fouille les armoires. Armando se lève et retourne auprès de sa chimpanzé.
Harold s’approche de moi, inquiet, pendant que je prépare le kit de réanimation :
— Un problème ? murmure-t-il.
— Elle est morte.
Derrière nous, Armando pousse un hurlement qui me hérisse les poils. C’est de la douleur, pas de la tristesse. Je me retourne et lâche mon plateau, pétrifiée. Au milieu de la pièce, Bella vient d'arracher le pouce de son soigneur d’un coup de dents. Impossible ! Le singe émet un cri rageur. Armando la fixe, stupéfait, la main droite compressant la protubérance écarlate, vestige de sa phalange.
— Qu’est-ce que… bredouille Harold.
Il fait un pas, hésitant. Ses yeux passent du soigneur à la chimpanzé. Il s’avance vers Armando.
Mes muscles se tendent, mon cerveau me hurle de fuir. Elle était morte ! Bella se redresse pourtant et prend son élan sur la table.
Je hurle :
— Attention !
Harold bondit de côté. Bella s’écrase contre une étagère, renversant flacons, bouteilles et autres boîtes dans un fracas assourdissant. Elle pousse un cri aigu en direction d’Hector, paralysé sur son banc. Non, pas lui !
— Non !
Bella se tourne vers moi et se met à courir. Bon, et maintenant ? J’attrape le tabouret du plan de travail juste à temps pour bloquer l’attaque. Le singe se débat furieusement pour m’atteindre. Elle va me faire tomber. Armando, en état de choc, tente de calmer la bête déchaînée, habituellement si douce :
— Bella ! Tranquilo ! Tranquilo ! ordonne-t-il d’une voix ferme en s’approchant pas à pas.
Les formules habituelles ne fonctionnent pas. Bella se retourne brusquement, bondit et plante ses mâchoires puissantes dans la gorge du soigneur, arrachant ainsi le cri de terreur qui en sortait. Je fonce sur Hector, lui saisit la main et l’entraîne vers la sortie. Harold claque la porte derrière nous :
— J’croyais qu’elle était morte ? C’est quoi ce bordel ?
J’ai le souffle saccadé.
— J’avais plus de cœur... j’en suis sûre !
— On peut pas laisser Armando !
Un grand coup contre la porte nous fait reculer.
— Hors de question de retourner là-dedans ! Tu as vu ce qu’elle lui a fait ? Il… il est mort. On va dans mon bureau. Il faut prévenir le CDC, les flics, n’importe qui !
— Je veux maman ! pleure Hector en serrant un peu plus ma main.
Je me penche vers lui et essaie de maîtriser ma voix :
— Je dois faire quelque chose d’important et après, on ira la retrouver, promis. Tu as mon téléphone ?
Il secoue la tête en larmes :
— Il est tombé.
Je me tourne vers Harold. Il se tâte les poches sans succès.
— On va aller dans mon bureau. Ça va aller.
Enfin j’espère.

Pour rejoindre le local administratif, nous devons passer devant l’enclos des chimpanzés. Je m’arrête. Impossible de détacher les yeux de la scène qui se déroule devant nous. La plupart des singes se comportent comme Bella, s’attaquent aux autres, déchirent la chair, dévorent leurs congénères encore vivants. Les cris des pauvres bêtes résonnent dans la nuit. L’instinct de tous les animaux alentour les pousse à fuir. Frustrés par les limites de leurs enclos, ils entament un concert de feulements, barrissements, glapissements et hurlements. Je frissonne.
L’un des jeunes chimpanzés vient se positionner devant nous. Il tend la main entre les barreaux, les yeux suppliants. J’avance d’un pas. Il faut le sortir de là. Mais Nya fond sur son petit-fils qui tente de se défendre à coups de poing. Il pousse des cris perçants, mais la matriarche n’arrête pas sa charge. Elle le plaque contre la cage métallique. Je mets les mains sur les yeux d’Hector et le serre contre moi. Nya arrache les entrailles du jeune à coups de dents. Je détourne les yeux.
— Putain de merde, lâche Harold qui nous tire en arrière.
Les derniers cris de terreur se taisent, remplacés par des grognements. Nya abandonne le cadavre, s’accroche aux barreaux, la gueule dégoulinant de sang, et les secoue violemment, les yeux rivés sur notre trio. Elle est bientôt rejointe par deux autres membres de son groupe. Mon cœur s’accélère.
— Ne traînons pas là.
Qu’est-ce qui leur arrive ?

Je me sens exposée et vulnérable dans les allées sombres du zoo. Les bruits des animaux, d’ordinaire si familiers, sont devenus menaçant en l’espace de quelques minutes. Je presse le pas et ne suis soulagée que lorsque j’aperçois enfin la lumière à l’intérieur du bâtiment administratif. Une forte odeur de peinture imprègne les lieux. J’ouvre la marche vers mon bureau, serrant la main d’Hector. Nous empruntons le couloir à gauche après le hall d’entrée. Il longe la salle de pause en travaux. La double porte est bloquée en position ouverte, une bâche tachée de peinture couvre le sol.
Il faut qu’on appelle le CDC. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel comportement chez les chimpanzés, ni chez aucune autre espèce d’ailleurs. Où est-ce que j’ai mis le dossier d...
Une main ferme empoigne mon épaule, les doigts s’enfoncent dans ma peau. Harold crie. Trop tard. La douleur irradie jusque dans ma nuque. Merci de m’avoir fait mettre ma veste, Hector. Je le pousse loin de ce qui m’agrippe. Il tombe et rampe à quelques mètres, les yeux écarquillés et la bouche ouverte dans un cri muet.
Une seconde main m’attrape dans le dos et me tire en arrière. Je tourne la tête et donne un grand coup de coude dans le ventre de celui qui me tient. Pas un cri, ni même un souffle ? Je suis pourtant sûre de l’avoir atteint sous le diaphragme.
— Lâche-la ! crie Harold.
Je sens une nouvelle traction vers l’arrière. L’autre maintient sa prise et fait claquer ses mâchoires bien trop près de mon oreille. Il faut que je me dégage. J’essaie de me retourner. Harold frappe l’homme aux tempes grisonnantes à plusieurs reprises, mais l’autre ne me lâche pas. J’entends un crac sourd. Un os cassé ? L’homme ne réagit toujours pas. J’effectue un brusque demi-tour. Il me coûte ma veste, mais je suis enfin libre. Je recule, Harold me rejoint. Le quinquagénaire bedonnant, un peintre, si je me fie à sa combinaison tachée de couleurs, grogne en se jetant sur nous. Le grondement sourd qui sort de sa gorge est le même que celui des chimpanzés. Harold lui envoie un nouveau coup de poing. Le peintre trébuche contre le mur, mais se rue toujours sur nous. Je lui décoche un coup de pied à l’entrejambe. Il tombe à la renverse. Harold avertit l’homme qui se relève déjà :
— Putain, mais arrête ! On veut pas te faire de mal, mais tu nous obliges là !
Le peintre l’ignore, pas du tout impressionné. Il pousse un râle et, à peine levé, se met à courir. Son tibia forme un angle étrange à mi-hauteur. Comment peut-il encore tenir debout sur une jambe cassée ?
Nous reculons encore, Hector est juste derrière nous. Il faut mettre ce type KO ou il va continuer jusqu’à blesser l’un de nous, ou pire... J'arrache un extincteur du mur et lui assène un violent coup à la tête. Il s’écroule contre le mur, le nez et la bouche en sang. Soulagée, je laisse tomber mon arme improvisée et cherche Hector des yeux. Il s’est recroquevillé derrière le pot d’un ficus. Un grognement derrière. Putain, c’est pas vrai !
Le type ignore la douleur et il est toujours décidé à s’en prendre à nous. À nous tuer. Il s’appuie contre le mur pour se relever. Son visage se déforme dans un rictus haineux, mais ses yeux, eux, sont vides. Morts. Je frissonne.
Harold ramasse l’extincteur :
— Si t’avances encore, je te jure que je t’éclate la gueule !
Pour seule réponse, il obtient un nouveau grognement. Harold tourne rapidement la tête vers moi, j’acquiesce. Je renverse le type d’un nouveau coup au niveau des genoux. Harold s’avance et pilonne le visage du peintre avec l’extincteur. Une giclée de sang mouchette le mur beige. Harold frappe encore, et encore, jusqu’à ce que les grognements s’arrêtent. Le visage de l’homme n’est plus qu’une bouillie informe.
Je cours vers Hector qui tremble. Harold s’effondre près de nous, l’extincteur sanglant à ses pieds.
— Putain, qu’est-ce que j’ai fait ? souffle-t-il en secouant la tête.
— Tu… Tu nous as protégés.
Il lève les mains, prêt à se frotter le visage. Le sang !
— Stop ! Va te laver les mains tout de suite ! Tu as des éclaboussures. Il a peut-être la même chose que les chimpanzés.
Harold pâlit instantanément. Il se lève, chancelant, et entre dans la salle de repos.
— Il n’a pas pu être en contact avec les singes. Comment a-t-il été contaminé ?
Ça se transmet dans l’eau. Non, dans l’air, c’est plus probable. Il va falloir mettre le zoo en quarantaine.
Je serre Hector contre moi et le berce légèrement. Il est très pâle, des cernes foncés commencent à se creuser sous ses yeux. Il devrait déjà être au lit. Harold revient, un marteau à la main.
— Il faut qu’on appelle la police. J’ai tué... J’ai tué un homme, merde.
Je hoche juste la tête et chuchote à l’oreille d’Hector :
— Je vais te ramener à ta mère, mais j’ai besoin que tu sois courageux. Tu veux bien te lever ? Pour moi ?
Il acquiesce de la tête, je l’aide un peu. Il n’y a plus qu’un escalier à gravir et un couloir à franchir pour atteindre mon bureau. Harold passe devant. Il saisit la poignée de la porte qui mène aux escaliers, ouvre et reste immobile quelques instants avant de gravir les marches. À l’étage, il entrouvre la seconde porte. Il s’avance dans le couloir de l’étage puis recule brusquement. L’index sur les lèvres, il murmure :
— Le directeur.
— Il a l’air normal ?
Nous passons la tête dans l'entrebâillement. Le directeur du zoo fait face à la fenêtre, à l’autre bout du couloir.
— Qu’est-ce qu’il y a, Anna ? demande Hector inquiet.
Le directeur se tourne immédiatement en direction de la petite voix. La décharge d’adrénaline bande mes muscles. L’homme a le menton et la chemise couverts de sang. Il pousse un grognement et se précipite vers nous. Un cri guttural fait écho au grognement. Un autre ouvrier sort d’un bureau à gauche. Il lui manque la moitié du visage et une cavité sanglante se tient à la place de son ventre. Un morceau d’intestin se balance ridiculement au rythme de sa foulée.
— Courez ! hurle Harold en me poussant.
Je lui crie alors qu’on dévale les escaliers :
— Parking ! Ma voiture !
Le directeur est rapide, les râles se rapprochent derrière nous. Un bruit métallique me fait tourner la tête. Le directeur a trébuché contre l’extincteur et emporté par sa vitesse, il s’étale au pied du ficus. Je sprinte jusqu’au parking en tirant Hector par la main, déverrouille la voiture à distance et le pousse à l’arrière. Harold se jette sur le siège passager alors que je démarre le moteur.
— On va où ? demande-t-il encore essoufflé.
— Le commissariat. On le ramène à sa mère, elle saura quoi faire.

La voiture file dans les rues de Charlotte, peu importent les limitations de vitesse. La supérette à deux rues du zoo, habituellement repère des fêtards et SDF du coin, est prise d'assaut par une cinquantaine de personnes. Les gens se battent à coups de poing et de morsures. Des tirs retentissent, je me tasse sur mon siège. Des piétons s’engouffrent dans la vitrine éventrée d’une pharmacie. Je dois piler pour éviter un pillard qui s’enfuit. Sous la lumière crue des néons de l’officine, une femme arrache le nez de sa voisine puis se penche vers son cou, mâchoires grandes ouvertes. Le sang gicle. Je redémarre, les mains serrées sur le volant.
— C’est quoi ce bordel ? panique Harold.
Aucune idée.
Au carrefour suivant, une camionnette est renversée sur le côté, son chauffeur, couché sur la route, quelques mètres plus loin. Au lieu de s’approcher pour aider, les badauds fuient la scène. Seule une jeune femme est restée sur place, penchée sur le corps. Elle relève la tête au passage de la voiture, le bas du visage plein de sang. Elle pousse un cri, qui expulse le morceau de chair qu’elle avait dans la bouche. Je retiens un haut-le-cœur et appuie un peu plus sur l’accélérateur. Ce n’est pas que le zoo.
— Anna ? appelle Hector d’une voix rauque.
L’enfant est pris d’une quinte de toux violente. Je décroche ma ceinture et demande à Harold :
— Tiens le volant pour moi.
Je me penche vers le gamin et pose une main sur son front. Brûlant.
— J’ai chaud, Anna, et j’ai mal.
Je me rassois au fond du siège et frappe le volant du poing. Harold m’interroge du regard. Je lâche, la mâchoire crispée :
— Il est infecté.


N'hésitez pas à me laisser vos avis si vous voyez des choses à corriger ou améliorer.


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Lun Mai 14, 2018 11:00 pm 
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Texte réécrit en point de vue interne à la première personne.


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Lun Mai 14, 2018 11:54 pm 
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Je ne connais pas le jeu, mais j'ai trouvé cette intro plutôt très bien. L'emploi du présent, tel que tu l'utilises et qui peut paraitre déroutante à la première lecture, est très efficace dans la seconde partie du récit. A mon avis, le début, toujours à cause du présent et des phrases courtes me parait trop saccadé pour une entrée en matière d'une histoire paraissant cruellement ordinaire. On sent nettement la progression du rythme mais je pense qu'il devrait être encore un peu plus lent dans la première partie pour mieux mettre en valeur le reste. Après, je ne suis pas critique littéraire et n'ai aucune légitimité pour juger ton texte, mais comme tu demandes notre avis.....
En tout cas, c'était très bien

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Mai 15, 2018 12:26 am 
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Le début me pose effectivement quelques soucis. Je le préférais dans la version précédente mais cela ne fonctionne pas avec un point de vue interne. Je vais voir ce que je peux faire pour le rythme des phrases.
L'utilisation du présent peut dérouter mais je trouve qu'elle sert bien un récit à la première personne. Merci pour ton commentaire, tu me donnes une nouvelle piste de travail :D


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Mai 15, 2018 12:42 am 
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Alterner le passé simple et l'imparfait, je trouve que ça met aussi bien du rythme dans un récit même pour des actions basiques, exemple :
je te cite en modifiant les temps
"tandis que l'eau coulait, je retournai dans le salon"
phrase illustrant typiquement mon propos : l'eau coule, longuement grâce à l'imparfait, et je retourne au passé simple donne même l'impression qu'elle se faufile subrepticement, ça donne de la vivacité. Je crois qu'on n'a pas fait mieux pour des récits, tout au présent donne un petit air de monotonie. Après lors des scènes d'action le présent ne s'y prête pas mal, mais imparfait/ passé simple c'est bien aussi. Je n'ai pas eu la 1ere version du texte, c'était aussi au présent ?

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Mai 15, 2018 6:52 am 
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Si ça t'intéresse je pourrais te remettre la version précédente. Elle est au passé, à la 3ème personne. Le gros avantage du présent eqt que le lecteur ignore si le narrateur va survivre à l'histoire, pour un récit d'horreur, c'est un enjeu important.


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Mai 15, 2018 8:09 am 
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Ah oui, c'est vrai ça. Je n'y avais pas pensé, ça change tout.

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Sep 11, 2018 7:06 am 
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Ma nouvelle a été sélectionnée !

Elle fera partie du recueil qui sera publié en 2019 et le tournoi déterminera les vainqueurs des prix mis en jeu.

Mika, Annabelle va connaître son moment de gloire :D


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Sep 11, 2018 7:40 am 
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C'est génial. Félicitations

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Sep 11, 2018 1:18 pm 
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Localisation: Hum ... une grotte, c'pas mal ça ...
Félicitations !

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Mar Sep 11, 2018 2:11 pm 
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Merci !


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Ven Sep 14, 2018 11:42 am 
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C'est l'ensemble des textes ou seulement un extrait ?
Toutes mes félicitations. :)

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Ven Sep 14, 2018 11:45 am 
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C'est une nouvelle indépendante dans le même univers, qui raconte le "jour-0" du point de vue d'Annabelle et d'Harold.

Je pense que le "jour-0" de Frank Farmer pourrait aussi donner une nouvelle très sympathique. :D

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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Ven Sep 14, 2018 1:14 pm 
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Merci David !

Gary a écrit:
Je pense que le "jour-0" de Frank Farmer pourrait aussi donner une nouvelle très sympathique. :D


J'avais imaginé ce qu'il était arrivé à Frank lors d'un exercice sur l'un des forums d'écriture sur lesquels je suis inscrite. Le thème était "Conflit de valeurs", je trouve que cela sied bien au personnage :mrgreen:

Citation:
— Détache-moi ! Je pourrais t’aider, suggéra l'homme.
— Ta gueule et avance ! réplica Frank.
Derrière eux, les grognements étaient amplifiés par l’écho de la cage d’escalier.
Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir tous ? Même Greg a été contaminé… c’est quand même pas la rage ? se demanda Frank tout en poussant son prisonnier dans le dos pour le faire monter plus vite.
Au palier suivant, l’agent spécial attrapa le mexicain par les menottes et l'entraîna dans le couloir, prenant soin de refermer l’issue de secours derrière eux.
Plaqués contre le mur à gauche de celle-ci, ils attendirent en silence, essoufflés. Leurs poursuivants ne se laissèrent pas berner et commencèrent à tambouriner le métal de toutes leurs forces.
Au moins, ils ne savent pas l’ouvrir, pensa Frank.
Des grognements en provenance des appartements répondirent au boucan de la cage d’escalier.
— Merde ! lâcha l’agent.
— Y’en a partout ! C’est quoi ce bordel, putain ?
Rapidement, Frank s’avança dans le couloir et écouta, l’oreille collée contre une porte. Après quelques essais, il trouva ce qu’il cherchait. Un logement vide. Il sortit son arme et tira dans la serrure.
— Entre là-dedans ! Grouille, ordonna-t-il.
L’autre ne se fit pas prier. Le flic fit glisser une lourde commode pour bloquer l’entrée. Ça ne tiendrait probablement pas, mais ça les ralentirait sûrement un temps.
Quelque part dans le couloir, le bois céda sous la force des coups. Des bruits de pas se précipitèrent vers la sortie secours avant de faire demi-tour. Les coups retentirent immédiatement contre la porte de leur refuge qui trembla sur ses gonds.
— Enlève-moi ces putains de menottes ! cria Florez.
Le gond du haut céda le premier, les coups s’amplifièrent. Des éclats de bois commencèrent à voler dans l’entrée. Le visage de Greg apparu dans l’interstice formé. C’était son visage, mais une chose était sûre, cette chose enragée n’avait rien à voir avec son collègue.
— Hijo de puta ! Me laisse pas comme ça ! hurla le prisonnier.
Frank avait une fraction de seconde pour se décider : libérer le trafiquant de drogue et combattre ou l’abandonner là et fuir ?


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 Sujet du message: Re: Produits dérivés
MessagePosté: Ven Sep 14, 2018 3:25 pm 
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En effet, cruel dilemme ! ^^

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