C'est le Texas !Starring : Bright, Heimdall et ZekeKaya et Banks s’éclipsèrent pour décrypter le dossier envoyé par Azuk, laissant le reste du groupe à Saint Louis, ville frontière entre les UCAS et les CAS.
Dans leur voyage forcé, le groupe commençait à manquer de fonds, les frais s’accumulaient et les économies fondaient comme neige au soleil. C’est dans ce contexte qu’il reçut une demande de call dans un salon virtuel sécurisé.
Christina Ortega, d’Aztechnology, offrait aux runners d’effacer l’ardoise entre eux et la firme Aztlan par une simple mission; récupérer des objets ayant appartenu à des ambassadeurs Aztlan renvoyés des CAS.
L’offre était tentante, Bright ne cachait pas son intérêt, elle voulait rentrer chez elle…
Après une rapide consultation, le groupe accepta et entreprit le voyage vers Houston (Texas).
Sur la route, après plusieurs heures de conduite, ils arrivèrent dans une petite ville dénommée Bangs dans le comté de Brown (Texas). Ils remarquèrent un attroupement inhabituel, sur la bas côté de la route, trois motards chahutaient une jeune femme dont le pickup était visiblement en panne.
— Hey, t'as vu ? fit Heimdal en donnant un coup de coude au chauffeur.
— Ouais, j'ai vu, répondit Zeke.
— Les motos, précisa le nain, c'est des Rapiers !
Les yeux du colosse avaient surtout remarqué la jeune femme en détresse, même de loin, elle semblait particulièrement hot.
Zeke se gara juste derrière le pick up, sorti du van et s'avança vers la jeune femme. Et en effet, elle était très belle, une magnifique chevelure rousse, des yeux lumineux, des formes agréables et détail qui la rendait encore plus sexy aux yeux de l'adepte, elle avait les mains pleines de cambouis !
— Tout va bien ? demanda-t-il.
Elle était visiblement secouée par le raffut. Elle essuya ses larmes et hocha de la tête avant de répondre :
— Merci de vous être arrêté.
Zeke fit un signe de tête, puis remarqua une deuxième jeune fille assise à l'arrière, elle avait 15 ans au plus et la même chevelure rousse. Après les présentations d'usage, Louise, la cadette, lui rendit un coucou enthousiaste.
— J’peux jeter un œil ? proposa l'adepte.
— Oui, c’est gentil, mais ce n'est pas réparable ici.
Les bikers rigolaient grassement à leurs allusions à peine voilées sur les belles carrosseries et sur la mécanique sous le capot. Zeke ignora les remarques, mais reconnut les gangers comme étant des Anciens, un groupe de motards exclusivement elfes présents sur toute l'Amérique.
Zeke regarda le moteur parfaitement entretenu. Amber savait de quoi elle parlait.
Les elfes étaient descendu de leurs motos et commencèrent à provoquer Zeke et Heimdall qui avait mis à fond une musique électronique aux acoustiques agressives. Pendant ce temps, Bright s'était installée sur une des motos, jouant les ingénues.
— Sont super ces motos ! fit-elle d’une voix sensuelle en caressant le guidon.
Puis elle démarra sans prévenir. Un instant surpris, un des bikers sortit une arme, les deux autres enfourchèrent leurs motos et se lancèrent à sa poursuite en beuglant comme des fous.
Zeke désarma le ganger et l'envoya au tapis sous les vivats enchantés de Louise. Il reprit avec l'aînée et arriva à la même conclusion qu'elle, le véhicule n'était pas réparable sur place. Une chose l’inquiéta cependant, la panne semblait avoir été provoquée, mais il garda pour lui cette information.
Une fois le nain sortit du van, Louise se jeta dans ses bras.
— M. Le Grinch ! cria-t-elle, ravie aux anges.
Sous l'œil interrogateur de Zeke, Amber répondit que c'était un personnage de fiction tout vert. La cadette désigna ensuite le colosse comme le monsieur doré. La petite semblait éveillée, mais sa sœur n’y connaissait rien. Amber demanda ensuite à Zeke et Heimdall s'ils pouvaient remorquer son pickup jusque chez elle. Les runners acceptèrent avec plaisir.
Entre temps, Bright était revenue, bras dessus, bras dessous avec un des gangers. Ils récupérèrent leur pote encore sonné et s'en allèrent. Visiblement l'elfe avait tapé dans l'œil de Rocket, un des bikers.
La propriété des Moore était immense, des derricks de pétrole étaient installés et prêts à vomir de l'or noir. Des chevaux étaient parqués dans un enclos et une belle maison, aux vastes dimensions, accueillit les dépanneurs.
Un peu plus tard, Thomas Moore rentra. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, ancien ranger du Texas. Les runners furent bien accueillis et la table généreusement garnie, Zeke se régala ! Après le copieux repas, le groupe prit possession des chambres dans une aile de la bâtisse et commença à s’installer lorsque Bright arriva en courant dans la chambre de Zeke puis celle de Heimdall, avec pour tout vêtement, une serviette de bain nouée sur la poitrine. Le linge la couvrait peine jusqu’à mi-cuisse, elle sortait de la douche.
— Vite les gars ! Le système de sécurité à repérer une intrusion, j’ai un renvoi sur mon PAN ! On fait au plus court !
L’elfe commença à enjamber la fenêtre de la chambre de Heimdall.
“Au plus court”, c’est drôle, pensa Zeke en la regardant. La serviette, déjà courte, se raccourci alors qu’elle franchit le bord de la fenêtre révélant un peu plus de sa plastique.
— Bon alors, vous venez ? s’impatienta-t-elle.
Heimdall et Zeke lui emboîtèrent le pas.
Arrivés sous la fenêtre d’Amber, ils surprirent un jeune latino, qui perdit l’équilibre et dégringola jusque dans les bras de Zeke qui le secoua vivement.
— Arrêtez ! se plaigna-t-il, je lui fais juste une sérénade.
— Elle est où ta guitare ? Alors p’tit, comment tu t’appelles ?
Le gamin eut à peine le temps de répondre que le père d’Amber alla chercher son fusil. Zeke le lâcha et Antonio déguerpit sans demander son reste.
Amber était en nuisette et penchée sur le bord de la fenêtre, Zeke respira à fond, prit en sandwich par deux canons, Bright avec pour tout vêtement une serviette de bain et Amber en nuisette… Il repartit vers sa chambre, où il entama une série d’exercices avant de se coucher, il avait besoin de se dépenser un peu.
Au lendemain matin, la maison était affolée, la petite Louise avait disparu durant la nuit.
Les traces menaient vers la forêt, le groupe se hâta, mais pour cela il fallait monter sur des chevaux.
— Zeke ? demanda le nain. Tu peux m’aider à monter ?
L’homme aida Heimdall à s’installer sur le cheval, voyant que Bright était également en peine, il se porta à ses côtés, la saisit par la taille, au contraire du nain, elle était légère comme une plume, puis la souleva et la fit s'asseoir en selle. Il y eut un instant de flottement entre eux. Peut être les doigts qui se frôlaient ou les regards appuyés ?
Les grands espaces, se reprit l’homme,
me donnent des tas d’idées…Le groupe abandonna les chevaux à la lisière de la forêt et continua à pieds jusqu'à l'entrée d'une grotte. Malheureusement une meute de barghests en gardait l'entrée. Ces canidés étaient de féroces créatures magiques. Le groupe craignait le pire pour la petite Louise, mais Zeke ne perçut pas de sang sur les babines, ni l'odeur de la mort. Le combat s'engagea et vit la meute défaite non sans mal. À l'intérieur de la grotte, la petite dormait à poings fermés. Une fois réveillée, elle a dit avoir suivi un elfe jusqu'ici.
Les runners virent bien la patte des bikers à l'oeuvre, trop de coïncidences s'enchaînaient autour de la famille, quelqu'un leur en voulait. En parlant des bikers justement, le groupe vit de la fumée monter d'un derrick et des motards s'enfuir. Les runners étaient trop loin pour voir les couleurs du gang, mais nulle doute que les Anciens étaient à l'oeuvre.
Ils trouvèrent le père au sol, près du derrick en flamme. Avec l'aide du groupe Thomas Moore était sauvé, malheureusement il ne se rappelait rien, seulement qu'il a eu un vertige. Sans doute une attaque magique. Mais tout cela ne réglait pas le problème du derrick en flamme qui menaçait la production de pétrole, il fallait l'éteindre.
Zeke enfila une combinaison ignifugée et prit avec lui 1 kg équivalent TNT en explosif. La charge, placée à 3 mètres, devait suffire à souffler la flamme sans remettre le feu au pétrole, un dosage précis étaient nécessaire. Bright l'aida à ajuster son équipement :
— Sois prudent, lui rappela l'elfe.
— Toujours, répondit Zeke en souriant.
Puis il vint se placer en face d’elle et posa la main droite sur l’épaule gauche de sa partenaire, ensuite il rapprocha doucement son visage de celui de Bright. Confuse, elle pensait qu'il allait l'embrasser, mais finalement seuls les fronts et les nez se touchèrent.
— Poses ta main droite sur mon épaule et fermes les yeux, demanda le maori.
L'elfe s'exécuta non sans appréhension, elle n'avait jamais été aussi proche de l'adepte. Elle posa néanmoins la main sur son épaule et imita Zeke. Ils restèrent quelques instants ainsi, immobiles, à partager ce moment d'intimité.
— Qu'est-ce c'était ? demanda-t-elle, toujours troublée une fois le rituel fini.
— Un Hongi, lui répondit l'homme, le partage de souffle de vie, c'est une vieille coutume maori.
Il s'apprêta à mettre son masque à gaz lorsqu'une voix bourrue se fit entendre :
— Et moi ? demanda Heimdall, j'y ai pas droit ?
Zeke s'agenouilla en face du nain :
— Bien sur que si !
Ils renouvellèrent l'opération. Une fois fini Zeke lança à ses équipiers en enfilant son masque à gaz :
— Couvrez-moi d'accord ?
Puis il s'avança en direction des flammes. Une armure magique verte l'entoura tandis qu'un puissant jet d'eau l'arrosait copieusement.
Les flammes grondèrent et sifflèrent autour de l'adepte, dans un ballet hypnotique. Le colosse devait ĺutter contre le jet d'eau qui le poussait dans son dos et les projections enflammées en face de lui qui tentaient de le repousser. Il transpirait à grosses gouttes dans son étouffante combinaison et avançait avec peine jusqu'au cœur du brasier. Concentré, il posa la charge qui devait souffler les flammes et ainsi éteindre l'incendie. L'opération était délicate, une fausse manipulation pouvait empirer les choses, voir faire perdre le puit en entier.
Une fois la charge posée, il fit marche arrière et une fois hors de portée et à l'abris, il tendit le détonateur au chef de famille. L homme s'était levé pour voir Zeke travailler malgré sa commotion cérébrale.
C’est le Texas ici, lui avait répondu l’homme sous le regard réprobateur de Zeke.
L’adepte avait compris qu’il n’empêcherait pas M. Moore de contrôler le déroulement des opérations.
— À vous l'honneur, M'sieur Moore.
Thomas Moore appuya et l'explosion souffla l'incendie. Un geyser noir sortait du derrick à présent.
Des hourras retentirent, mais la pause fut de courte durée pour Zeke, il devait y retourner, il fallait couper le robinet. Sauf qu'entre les trombes d'eaux qui ont été déversées, transformant les abords du derrick en étang boueux, et le pétrole brut collant et gluant, l'opération s'annonçait longue et fastidieuse, mais il ne fallait pas perdre de temps.
Il fallut une bonne partie de la matinée pour poser la vanne sur le derrick et la fermer. L'adepte était épuisé et couvert de boue et de pétrole. Il entreprit ensuite de se laver de toute cette saleté qui le recouvrait. Un baquet d'eau en pleine cour lui suffisait. Il avait presque fini lorsqu'une limousine arriva dans la propriété.
Et voici la source de toutes ces emmerdes ! pensa Zeke.
L'opportun se présenta et formula sa requête rapidement, droit au but. L'imbécile offrait un bon prix pour la propriété des Moore au nom de la United Oil, une grosse firme d'exploitation de pétrole. Après un vif échange, Mills Denavon, prit ses clics et ses clacs et fit le chemin en sens inverse, chassé par une Amber furieuse.
Puisque la United Oil envoyait ses chiens, la famille accepta de tout dire. En fait, les terrains sont un leg de Gérald Bryne, qui n’est autre que l’actuel président directeur général de la firme, à sa fille, la mère de Amber et de Louise morte des suites d’une longue maladie. Les filles ont donc hérité des terrains de leur mère, quant à Thomas, il était en froid avec son beau père. Afin de stopper toute tentative agressive de la United Oil envers les terres des Moore, le groupe décida de trouver des preuves qui liaient la firme au gang des Anciens. Ils rendirent donc visite aux bikers et après quelques dents et mâchoires cassés, les runners trouvèrent de quoi sérieusement compromettre ce bon Denavon. L'action força le grand père à sortir de sa réserve et de calmer le jeune ambitieux. Les Moore étaient à l'abris désormais. Ils avaient toutes les cartes en main pour tirer parti de leurs terres.
— Je ne vous remercierai jamais assez, dit M. Moore en serrant la main des runners. Si vous voulez rester, il y a de la place et du travail ici pour des gens capables et travailleurs.
Mais le groupe déclina la proposition, la route les appelait et avec elle son lot de violence et de rencontres et peut être un jour, la réponse à leurs questions.