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Ashley Winston | Penny Winston |
SacrificeLa louve avait perdu le compte des jours. Elle profitait de sa liberté pleine et entière. Son errance l’avait amenée jusqu’au nord de l’Etat, tout près de la frontière canadienne. Les forêts et parcs nationaux foisonnaient de proies et la louve laissait libre cours à son instinct de chasse. La seule fois où Ashley s’était manifestée, la louve suivait la piste de randonneurs humains. La jeune femme l’avait obligée à changer de cible.
Alors qu’elle s’approchait d’un lac, la louve perçut une odeur familière. Sans hésiter, elle la suivit. Sur la rive se tenait une femme aux longs cheveux noirs. Elle tourna la tête à l’approche de la louve. Celle-ci poussa un gémissement lorsque les yeux en amandes de sa mère posèrent sur elle un regard triste.
La louve se coucha au sol. Le gémissement se transforma en plainte, puis en pleurs. Ashley se releva :
— Maman…
Penny se pencha vers un panier posé à ses pieds et s’empara d’une couverture. Elle ouvrit les bras à Ashley et la recouvrit avec douceur.
— Quand je vous voyais… papa et toi, sanglota la jeune femme. Je voulais vivre la même chose… et j’ai rencontré cet homme merveilleux… et il est mort ! Ça a servit à quoi ? J’peux plus respirer sans lui… Pourquoi me l’avoir fait aimer si c’est pour me l’enlever ? Peu importe la meute, les mages, et même toi… Il n’est plus là.
— Je sais, ma chérie. Il te manque une partie de toi et tu te demandes comment le monde peut continuer de tourner sans lui. Mais tu n’es plus seule. Zane s’est sacrifié pour que tu vives et pour que votre bébé vive.
— Je ne lui ai rien demandé ! s’emporta Ashley. Si j’avais su ce qu’il voulait faire, je lui aurais interdit !
— Il a pris cette décision, maintenant, à toi de savoir si c’était en vain ou non.
*
— Je ne peux pas fermer mon jean ! s’exclama Ashley.
L’inquiétude transperçait dans sa voix.
— La vie au grand air t’a fait prendre du poids ? s’amusa Penny.
— Maman ! Regarde mon ventre !
Malgré l’obscurité, Penny prêta attention à la silhouette de sa fille. Son ventre formait déjà un bel arrondi sous le nombril.
— Depuis quand es-tu enceinte, Ashley ?
— Un mois et quelques. Qu’est-ce qui m’arrive ?
— Je ne sais pas, chérie, mais on va trouver. Ne t’inquiète pas. En attendant…
Penny fouilla ses poches et en sortit un élastique à cheveux.
— On va bricoler une attache avec ça, histoire que tu ne te retrouves pas les fesses à l’air pour ton retour à la civilisation.
— J’ai peur, maman.
— Je sais. Viens-là. Rentrons à la maison.
*
Dans la voiture qui les ramenaient vers New-York, le silence régnait. Jasper avait une conduite souple et roulait à bonne allure. À ses côtés, Isaac s’était endormi, la tête en arrière et émettait un léger ronflement.
Penny et Ashley étaient serrées l’une contre l’autre sur la banquette arrière. La matriarche n’arrivait pas à détacher les yeux du ventre proéminent de sa fille. Elle avait pendant si longtemps désiré porter la vie...
— Est-ce que je peux ? demanda-t-elle dans un filet de voix hésitant.
Ashley lui prit la main et la posa sur son ventre. En quelques instants à peine, un coup franc se fit sentir.
— Putain de bordel ! s’écria Ashley, ce qui réveilla Isaac en sursaut. T’as senti ça ?
Un nouveau coup remua les entrailles de la future maman.
— Oh que oui j’ai senti ça, répondit Penny enjouée. C’est plutôt bon signe, c’est qu’il ou elle va bien.
— Mais c’est normal de le sentir si tôt ?
Isaac se retourna :
— C’est bizarre. Maureen a senti le p’tit bouger vers quatre… cinq mois peut être.
Jasper lui flanqua un coup de poing sur la cuisse tandis que la chef de meute échangeait un regard inquiet avec sa mère.
— Aïe ! Mais quoi ?
— Jasper, emmène-moi directement chez McDermott, ordonna Ashley.
— La véto ? T’es sûre que tu veux pas aller à l’hosto ?
— Et si ce bébé n’est pas normal ? S’ils voient un loup dans mon ventre, je dis quoi ? On va chez la véto, point.
— À tes ordres.
Le conducteur se retint d’ajouter “c’est toi le boss.” Il savait que son alpha n’était pas fan du titre et il avait appris il y a bien longtemps à ne jamais contrarier une femme enceinte.
*
La voiture était garée depuis quelques minutes déjà devant la clinique vétérinaire lorsque le docteur McDermott fit son apparition, un café à la main. Ashley et Penny descendirent aussitôt tandis que les deux hommes restèrent dans la voiture. La mine réjouie de la vétérinaire se renfrogna aussitôt :
— Moi qui espérais que vous m’aviez oubliée. Je dois recoudre qui cette fois ? Vous m’avez l’air plutôt en bonne forme toutes les deux.
— Il n’y a personne à recoudre, mais j’ai besoin d’une échographie, annonça Ashley.
— Je ne suis pas obstétricienne ! Prenez rendez-vous en clinique comme tout le monde !
— Et je dis quoi si c’est un louveteau qui apparaît sur l’écran ?
La vétérinaire resta bouche bée un instant.
— J’avais pas pensé à ça. Bon, entrez, souffla-t-elle.
Elle conduisit les deux femmes dans une salle d’examen et rapprocha l’appareil.
— Désolée, mais je n’ai pas plus confortable que cette table, s’excusa-t-elle en montrant l’inox froid de la main.
— Ça ira.
Ashley s’installa, la peur au ventre. Elle saisit la main de Penny et serra fort tandis que la vétérinaire aspergeait son ventre de gel.
— Je vous préviens, je ne suis pas spécialiste. Moi, j’ai plus l’habitude des échos de Chiwawas ou de Yorkshires de concours.
Sous le regard insistant de Penny, McDermott posa la sonde sous le nombril d’Ashley. L’écran noir laissa place à d’infini nuances de gris. La vétérinaire modifia un réglage sur l’appareil et la silhouette d’un bébé apparut et la pièce s’emplit du martèlement des battements de son cœur. Les trois femmes pouvaient clairement distinguer sa petite tête, son corps et ses jambes. La vétérinaire effectua quelques mouvements qui permirent de distinguer les bras et les mains.
Ashley était en larmes. Cette grossesse qui n’avait été qu’une vague notion jusque-là prenait une caractère bien réel et concret. Ce bébé sur l’écran était le sien. Elle aurait tant aimé que Zane soit avec elle à cet instant. Elle chassa les larmes de ses mains et interrogea la vétérinaire :
— Est-ce que tout est normal ?
— Donnez-moi quelques minutes… Tenez ça.
Elle tendit la sonde à Ashley et se dirigea vers son ordinateur. Après quelques minutes, elle reprit l’examen, l’air concentrée. Penny, très émue, déposa un baiser sur le front de sa fille. Le temps semblait s’éterniser et Ashley était partagée entre émerveillement et inquiétude. Elle allait rompre le silence lorsque le docteur McDermott se tourna enfin vers elle :
— Bon. D’après mes mesures, ce bébé est dans son cinquième mois de gestation et va parfaitement bien.
— Cinq mois ! s’exclama Ashley.
— Ma mémoire me fait défaut ou vous n’étiez pas enceinte la dernière fois qu’on s’est vues ?
Ashley secoua la tête :
— Je suis enceinte d’un mois et demi.
La vétérinaire regarda successivement les deux femmes :
— Et chez les gens… comme vous… c’est normal que le développement du foetus soit aussi rapide ?
— Toutes les femmes de la meute ont eu des grossesses normales, répondit Penny. Neuf mois de moyenne, comme tout le monde.
Elle baissa le regard vers sa fille :
— Ashley a passé beaucoup de temps sous sa forme animale dernièrement, est-ce que ça aurait pu jouer ?
— Les loups ont une gestation bien plus courte, soixante, soixante-dix jours de mémoire. Si le foetus se transforme en même temps que la mère, c’est possible que la gestation se soit poursuivie sur le rythme lycan.
— Vous êtes sûre que le bébé va bien ? demanda Ashley.
— Regardez par vous même ! Toutes les mesures sont dans les normes. Vous voulez connaître le sexe ? demanda-t-elle avec le sourire.
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Père Gabriel | Z |
Paradis perduZane était allongé sur l'herbe, les doigts croisés sous sa nuque, il contemplait le ciel et les nuages qui couraient dans l’immensité azure. Les papillons et les oiseaux tournaient au dessus de lui dans un élégant ballet improvisé. Il sourit en humant les délicieuses odeurs printanières : jacinthes, tulipes et violettes répandaient un doux parfum dans la clairière. En contrebas coulait une petite rivière, les clapotis qui en remontaient le berçaient doucement. L'endroit lui rappelait son enfance à la montagne. Il était en paix.
— L'endroit vous plaît ? demanda une voix familière à la lisière de la clairière.
Zane sourit de plus belle et se leva :
— C'est un endroit merveilleux, fit-il en s’extasiant.
Puis il alla cueillir un fruit sur un arbre tout proche et le croqua à pleines dents. Le jus coula sur son menton imberbe.
— Et les fruits sont absolument délicieux ! Je n'en ai jamais mangé d'aussi bons, dit-il en s'essuyant d'un revers de la main.
— Avez-vous vu les autres ? demanda l’archange.
L’homme hocha la tête.
— Tout le monde est si gentil ici et si serviable et, et si beau. Il me tarde qu’Ashley et mes enfants découvrent cet endroit et ressentent cette félicité. Comment vont-ils ? s’enquit-il précipitamment.
Mais avant même d'avoir posé la question, il savait que l'archange n'y répondrait pas.
Gabriel se contenta d'acquiescer.
— C'est fantastique, Gabriel ! poursuivit Zane enthousiaste, j'y vois plus clair que jamais et j'ai récupéré ma main et…
— ...Et si on vous proposait de redescendre ? le coupa l’archange.
Zane se figea.
— Votre corps est sur le point d'être libéré, continua Gabriel, mais il ne pourra fonctionner longtemps sans occupant.
— Ashley a des problèmes, c'est ça ? demanda le privé.
— C'est cruel de vous proposer cela, j'en suis conscient, mais il vous est permis de faire ce choix, vous comprenez ? Vous pouvez décider de rester, et personne ne vous jugera pour cela, mais si vous décidez de repartir malgré tout, tout reviendra ; les douleurs, les peurs, les rancœurs… Tout ! se désola l’archange.
Zane lui tourna dos et admira le paysage une dernière fois. Sa décision était déjà prise :
— Je pars, répondit simplement le privé.
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Ashley Winston | Ena Hostblad | Z |
L'heure des comptes (vendredi 6 juillet)Ena salua ceux qu'elle avait su convaincre de l'usurpation dont elle était victime. Sans eux, jamais elle n'aurait réussi cet exploit : elle détenait l'héritière du royaume ! Ena entra dans la cellule sombre. Elle avait eu le temps de s'habituer quelque peu à avoir l'apparence de Zane, mais voir son propre corps souillé par l'âme de cette traîtresse lui arracha une grimace. Audrica était attachée et baillonnée. Celle-ci regarda l'homme qui pénétrait dans sa cellule. Son visage ne lui était pas familier, sûrement quelqu'un d'extérieur à la Cour.
— Tu te demandes probablement qui je suis et ce que tu fais là. Tu m'as fait vivre l'Enfer, littéralement, ma belle. Aujourd'hui, c'est l'heure de régler nos comptes.
Une étincelle de compréhension avait éclairé le regard de la rousse. Ena, dans le corps de Zane, savourait l'instant :
— Oui, Audrica, c'est bien moi. Je dois… te remercier. Cette expérience, aussi désagréable fut-elle, m'aura appris à mieux choisir mes alliés.
Audrica tenta de parler, mais le bâillon rendait incompréhensibles ses paroles.
— Oh, je ne vais pas te tuer, rassure-toi. Tu vas devoir répondre de tes actes devant toute la Cour. Je me demande comment Père va prendre la chose ?
Ena éclata d'un rire dément en quittant la cellule.
En sortant, elle donna les dernières instructions avant de retourner auprès des Loups.
Tu vas bientôt être débarrassé de moi, mon chou. Ta belle va pouvoir faire son deuil, enfin, je l'espère pour elle.
*
Ena toqua à la porte de l'appartement. La voix d'Ashley l'invita à entrer. La chef de meute était adossée au comptoir de la cuisine. Elle but une gorgée de thé avant de reposer la tasse derrière elle. Elle n'adressa pas un regard à Ena. Voir le corps de son homme si vivant alors qu'il était mort lui était insupportable.
— Tu es sûre que ton plan va marcher ? demanda-t-elle d'une voix étranglée.
Ena s'avança de quelques pas vers le salon.
— Oui. Veronika est sûre d'elle. Merci de m'avoir conseillé cette mage.
— On y va ? la coupa la chef de meute.
— Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on appelle quelqu'un, ma chérie ? Ta mère par exemple…
— Non. Je veux être seule avec lui.
Ena n'insista pas et suivit Ashley au fond de l'appartement. Lorsqu'elle ouvrit sa chambre, Ena eut la gorge serrée par l'émotion.
— C'est magnifique, dit-elle doucement.
Le volet était fermé et la pièce était remplie de bougies de toutes tailles. Ashley avait également disposé quelques bâtons d'encens qui diffusaient un léger parfum floral.
Ena s'allongea sur le lit. Avant de poser la tête sur l'oreiller, la fae tenta de capter le regard de la louve :
— J'ai envoyé le signal. Tu sais, je ne vous remercierai jamais assez, Zane et toi, pour m'avoir sortie de là. Je te suis redevable, éternellement. J'espère que tu trouveras la paix ma belle, tu le mérites.
Ashley fit l'effort de lever les yeux.
— Merci Ena. Maintenant, va rejoindre ton royaume, va retrouver ta vie.
Ena acquiesça et reposa sa tête. Ashley gardait toujours ses distances. Elle observait les mouvements de respiration sur le corps de son homme. Lorsqu'ils cessèrent enfin, elle vint s'agenouiller à côté du lit et posa sa tête sur la poitrine de Zane. Aucun des battements rassurants ne résonnaient à l'intérieur.
— Je t'aime et je t'aimerai toujours Zane, chuchota la jeune femme, mais je te déteste pour m'avoir abandonnée comme ça.
La jeune femme réprima une envie de pleurer qui se transforma en un long sanglot. Soudain, elle redressa la tête, attentive. Était-ce un battement de cœur qu'elle venait de percevoir ou son imagination ? Hésitante, elle colla de nouveau son oreille contre la poitrine de Zane.
À peine eut-elle posé sa tête que l'homme se redressa brusquement en inspirant bruyamment l'air à pleins poumons. Ses bras s'agitèrent et ses yeux paniqués cherchaient à comprendre. Tout n'était que confusion dans son esprit…
Ashley paniquée recula jusqu’à cogner la commode derrière elle. Deux bougies basculèrent, la cire chaude se répandit sur le sol.
— Ena ? demanda-t-elle hésitante.
L’homme haletait, son regard courut dans toutes les directions, visiblement, il ne reconnaissait pas les lieux. Il tourna son visage vers la voix qui avait attiré son attention, son regard borgne s’arrêta sur Ashley. Un instant, il ne la reconnut pas, mais très vite son œil unique s’adoucit :
— Ashley ? C’est… C’est moi…
La jeune femme secoua la tête :
— Non. Tu es mort. Tu es mort ! répéta-t-elle dans un souffle, comme si elle ne pouvait assimiler ce qu’il venait de se passer.
— C’est bien moi, mon amour.
Zane se leva en se retenant au montant du lit. Ses gestes étaient encore hésitants, pourtant, il marchait vers Ashley.
— Je suis revenu, dit-il en tendant la main pour effleurer le visage de sa bien aimée qu’il couvait du regard.
Ashley leva une main tremblante. Elle fixait l’homme face à elle, l’air incrédule. De son index, elle parcourut la cicatrice qui barrait l’œil de Zane.
— Oui, c’est bien toi, finit-elle par murmurer.
Elle retira brusquement sa main et repoussa Zane en arrière :
— Quand on était en Enfer, tu savais que tu ne reviendrais pas et tu ne m'as rien dit ! Tu m'as regardée droit dans les yeux et tu n'as rien dit ! Même pas un au revoir, tu es parti sans te retourner. Comment tu as pu ?
Elle accentua sa question d’une nouvelle poussée.
— Ne le sais-tu pas ? répondit-il en faisant un pas en sa direction.
Ashley secoua la tête, incapable de parler. Elle attendait qu’il s’explique.
— La voilà la réponse, murmura-t-il.
Il caressa la joue d’Ashley et approcha son visage doucement du sien.
— À toutes tes questions...
Il s’arrêta à quelques centimètres et se mordilla doucement la lèvre inférieure. Elle inspira profondément et se confia sans filtre :
— Je t'avais dit que tu tenais mon cœur entre tes mains… murmura-t-elle, et bien, tu l'as brisé quand tu es mort. Je pouvais plus…, confessa-t-elle d'une voix brisée où toute trace de colère avait disparu. C'est la louve qui m'a empêchée…
Ashley le fixa de ses yeux embués de larmes :
— Je voulais mourir avec toi, Zane. Tu comprends ? La louve m'en a empêché, à cause d'elle, dit-elle en caressant son ventre.
Zane remarqua seulement la silhouette arrondie de sa bien aimée.
— Je suis tellement désolé, mon cœur.
Il prit la louve dans ses bras :
— Tellement désolé de t’avoir fait endurer tout ça, mais je n’ai pas pu…
Elle se blottit contre lui et écouta le rythme rassurant de son cœur. Pour la première fois depuis son retour, elle se sentait entière, comme si on lui avait rendu une partie de son âme.
— Tu n’as pas pu quoi ?
— Avouer tout ce par quoi j’étais passé pour arriver jusqu’à toi. C’était trop difficile et surtout… Je voulais absolument que tu quittes l’endroit maudit dans lequel tu te trouvais.
Ashley sécha ses larmes et redressa la tête. Elle passa la main derrière la nuque de Zane et l’attira vers elle puis l’embrassa tendrement.
— Tu m’as tellement manqué.
Sans détacher ses lèvres de celles d’Ashley, il la souleva doucement et la conduisit jusqu’au lit où il la posa délicatement : elle était ce qu’il avait de plus précieux.
*
Ashley était allongée sur le dos, Zane avait posé sa tête contre son épaule et caressait doucement son ventre.
— Alors, c’est une fille ? demanda Zane, les yeux fixés sur le renflement sous le nombril de la jeune femme. Je suis parti longtemps ?
— Un mois. Comme je te l’ai dit tout à l’heure… le retour a été… difficile pour moi. Quand j’ai compris que tu ne reviendrais pas, la louve a pris le relai. Le docteur McDermott pense que la grossesse a évolué au rythme normal pour une louve. C’est comme si j’étais à cinq mois de grossesse maintenant.
— Et tu as affronté ça toute seule ?
— J’ai fui loin de tout, et de tout le monde. Ma mère m’a fait pister, mais ils ont mis du temps à me retrouver. Je sais couvrir mes traces, dit-elle avec fierté. Ma mère est venue me chercher et quand je suis redevenue moi, j’avais ce ventre énorme. On est rentré à New-York et on a filé direct à la clinique vétérinaire.
Zane tiqua.
— Une vétérinaire ? Pourquoi donc ? Il y a un problème ? demanda-t-il inquiet.
— Non, elle va parfaitement bien. Tu veux la sentir ? Donne-moi ta main.
La jeune femme positionna la main de Zane à droite de son nombril. Aussitôt, le bébé vint se blottir sous les mains de ses parents.
Le privé sourit :
— Je l’aime déjà cette petite. Il faudra lui trouver un nom, sauf si tu en as un en tête ?
— J’avais pensé lui donner celui de ma mère biologique, Mei.
Ashley observa la réaction de Zane.
— C’est un joli prénom, approuva-t-il.
Le couple s’amusa avec le bébé pendant quelques minutes. Chaque fois qu’ils déplaçaient leurs mains, un coup ou une vague ne tardait pas à se faire sentir.
— Il va falloir qu’on trouve une autre façon de fonctionner, toi et moi, dit doucement Ashley tandis qu’une certaine torpeur les gagnait. Zane leva la tête et chercha le regard d’Ashley :
— Oui, mais pour ça il faudrait qu’on nous foute un peu la paix, tu crois pas ? dit-il avec un sourire en coin.
Elle lui répondit avec une légère moue :
— Si, mais pas sûre que ce soit pour tout de suite. Alors en attendant, qu’est-ce qu’on fait pour que ça marche ?
Zane se retourna sur le dos lui aussi.
— Commencer par arrêter de faire des promesses qu’on ne peut tenir, peut-être ? Toi comme moi, qu’en penses-tu ? On peut essayer ça ?
La jeune femme se tourna sur le côté pour observer son compagnon :
— OK. Je vais essayer. J’aimerais aussi qu’on puisse se faire suffisamment confiance pour être capables de se dire les choses franchement. Je sais que tu voulais me protéger en ne me disant rien, mais ça ne m’a pas aidé… Et sans elle, dit-elle en désignant son ventre, je serais retournée en Enfer, pour l’éternité cette fois.
— Je vais essayer aussi, répondit-il. On a eu de la chance Ashley, on en aura peut être pas d’autre, alors, essayons de faire les choses bien cette fois-ci ? Hum ?
— D’accord.
— Ta chambre est aussi belle que la première fois que tu m’as fait entrer, tu te souviens ?
Elle acquiesça doucement de la tête.
— J’ai un truc à te demander. Tu promets de ne pas rire ? fit-t-il un peu gêné.
Ashley parut surprise. Elle fronça les sourcils avant de répondre :
— Promis.
— Épouses-moi !